De la Jamaïque au reste du monde : mobiliser le potentiel créatif de l’île

« Il y a plus de 300 festivals de reggae en Europe » a annoncé Olivia Grange, ministre de la Culture, du Genre, du Divertissement et du Sport, au public rassemblé le 31 octobre à Kingston.

La musique reggae et son « King of Reggae », Bob Marley, ont été les icônes de la Jamaïque et de sa culture au cours des dernières décennies. Ces dernières années, la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2019 a fait connaître les Reggae Girls, l’équipe féminine jamaïcaine de football, aux amateurs de sport. Usain Bolt et Shelly-Ann Fraser-Pryce ont étonné le monde entier avec leurs sprints battant les records.

Bien que ces individus extraordinaires soient les visages les plus reconnaissables de la culture jamaïcaine, l’île des Caraïbes possède un paysage culturel riche et diversifié, plein de potentiel, et le pays s’efforce d’exploiter cette créativité et de mieux faire connaître sa culture et son identité par la gouvernance culturelle.

Depuis la ratification de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005) en 2007, le Ministère jamaïcain de la Culture, du Genre, du Divertissement et du Sport a dirigé la mise en œuvre de cet instrument juridique mondial sur la culture contemporaine et la créativité. La Convention fournit un cadre pour la gestion et l’administration de la culture, fondé sur la compréhension de la culture et de la créativité en tant que moteur et catalyseur d’un développement social et économique durable.

L’article 16 de la Convention préconise un « traitement préférentiel » des biens et services culturels et incite les Etats Partis à faciliter la mobilité des artistes, en particulier ceux du Sud. Les accords commerciaux culturels entre pays développés et pays en développement constituent un outil efficace pour mettre en œuvre cet article : l’Accord de partenariat économique (APE) signé entre l’Union européenne et le Forum des Caraïbes (CARIFORUM) en 2008 en est un exemple majeur. Avec le soutien du Fonds international pour la diversité culturelle (FIDC) de la Convention de 2005 de l’UNESCO, la politique nationale de la Jamaïque sur la culture et l’économie créative (2017-2027) est également en cours de révision.

En 2019, l’UNESCO a organisé une série de manifestations à Kingston (Jamaïque) : une consultation nationale multipartite s’est tenue le 31 octobre, suivie d’un atelier national de formation sur la Convention de 2005 du 6 au 8 novembre.

La cérémonie d’ouverture de la consultation multipartite a eu lieu le 31 octobre à l’hôtel Pegasus de Kingston, avec des présentations et des remarques de Mme Katherine Grigsby, Directrice du Bureau multipays de l’UNESCO pour les Caraïbes, Mme Olivia Grange, Ministre de la Culture, du Genre, du Divertissement et des Sports, Mr Everton Hannan, Secrétaire général de la Commission nationale jamaïcaine pour l’UNESCO et Mr Peter Goldson, consul honoraire de Suède en Jamaïque. La consultation multipartite a porté sur des questions telles que la diversité des médias, la technologie numérique, la mobilité des artistes et l’égalité des genres dans les secteurs culturel et créatif.

L’atelier de trois jours qui s’est tenu en novembre a été organisé par le Ministère de la Culture, du Genre, du Divertissement et des Sports et le Bureau de l’UNESCO pour les Caraïbes à Kingston avec le financement de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA), et dirigé par Avril Joffe, membre de la Banque d’Expertise de l’UNESCO. La formation a accueilli des représentants gouvernementaux des domaines culturels ainsi que des acteurs du secteur créatif et culturel jamaïcain, y compris du secteur de la mode, la radiodiffusion, le cinéma, la littérature, les universités et la communauté Rastafari.

Pour de nombreux participants, l’examen approfondi du système et des initiatives de gestion culturelle de la Jamaïque a été une révélation. « Il y a eu peu de transparence dans le secteur culturel et sa gouvernance, y compris le soutien financier disponible. Au cours des trois derniers jours, j’ai appris beaucoup de nouvelles choses qui se passent dans notre secteur créatif et dans le système gouvernemental que je ne connaissais pas », a déclaré un participant représentant de la communauté créative.

L’objectif de la formation était d’améliorer la compréhension des professionnels jamaïcains de la culture de la Convention de 2005 et de ses avantages pour les industries créatives et culturelles (ICC) de l’île. Les participants ont également appris à remplir le rapport périodique quadriennal, un rapport obligatoire sur l’état des ICC et des politiques culturelles soumis tous les quatre ans par les Parties à la Convention de 2005. Après avoir pris connaissance des RPQ, le participant a déclaré : « Le rapport périodique quadriennal nous aidera à avoir une meilleure vue d’ensemble du secteur créatif jamaïcain et à nous présenter à la Jamaïque et au reste du monde ». L’importance de la politique culturelle dans la réalisation des dix-sept objectifs du développement durable, en particulier l’égalité des genres (objectif 5), le travail décent et la croissance économique (objectif 8) et la réduction des inégalités (objectif 10) ont été soulignés tout au long des sessions.


Les activités à Kingston s’inscrivent dans le cadre du projet « Repenser les politiques culturelles pour la promotion des libertés fondamentales et la diversité des expressions culturelles », financé par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement. Le projet, qui comprend 16 pays bénéficiaires, dont la Jamaïque, vise à renforcer les capacités humaines et institutionnelles des acteurs gouvernementaux et de la société civile afin de suivre et de rendre compte des politiques et mesures de protection et de promotion de la diversité des expressions culturelles.

 

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