Économie créative: le pari de l'Indonésie

Cette publication fait partie d'une série d'articles mettant en lumière les principaux thèmes de l’édition 2018 du Rapport mondial de l'UNESCO "ReIPenser les politiques culturelles" qui sera lancé au Siège de l’UNESCO le 14 décembre prochain.

Avec une démographie changeante dominée par les jeunes et une classe moyenne grandissante, l'économie créative est une voie prometteuse pour le développement économique national de l'Indonésie. Le gouvernement indonésien a récemment créé une agence (Bekraf) pour coordonner et mettre en œuvre le programme d'économie créative du pays.

L'Indonésie a une scène culturelle très dynamique avec des secteurs florissants comme la mode, le cinéma et les arts visuels. Plusieurs événements artistiques majeurs sont organisés, notamment les biennales de Yogyakarta et de Jakarta et la Jakarta Fashion Week. Les villes de Bandung et de Pekalongan ont également été récemment intégrées au Réseau des villes créatives de l'UNESCO dans le domaine du design et des arts. 

Jeunes entrepreneurs

Environ la moitié de la population indonésienne a moins de trente ans. Avec de fortes cultures entrepreneuriales dans des villes comme Bandung, les Indonésiens jeunes et technophiles commencent à libérer le potentiel créatif du pays. Exploiter ce potentiel à travers des politiques gouvernementales peut renforcer la pertinence et l'impact des industries culturelles et créatives (ICC) pour le développement économique du pays.

Les discussions sur les ICC sont devenues omniprésentes, menant à la création de la première agence d'économie créative en Indonésie (Bekraf) en 2015. Cette agence gouvernementale conseille sur les stratégies d'exportation pour soutenir les échanges de  biens et services culturels nationaux, au niveau du pays et à l'étranger. Selon l'édition 2018 du Rapport mondial de l'UNESCO «ReIPenser les politiques culturelles», qui évalue comment les pays du monde qui ont ratifié la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles mettent en œuvre des politiques de soutien aux secteurs créatifs , les flux de biens et services culturels dans le monde restent largement déséquilibrés. En 2014, les pays en développement, à l'exclusion de la Chine et de l'Inde, ne représentaient que 26,5% de la part des exportations mondiales de biens culturels en 2014. (Voir graphe ci-dessous).

L'article 16 de la Convention de l'UNESCO de 2005 invite les États Membres à appliquer un traitement préférentiel dans les accords commerciaux afin de promouvoir des échanges plus équilibré de biens et services culturels. L'UNESCO est ainsi en train d'élaborer un module de formation pour aider les négociateurs commerciaux à prendre en compte la spécificité des biens et services culturels dans les futurs accords commerciaux.

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Source : UN Comtrade, département des Affaires économiques et sociales (DESA)/Service des statistiques du commerce/Division de statistique de l’ONU (UNSD), 2016.

Richesse d'opportunités

Alors que les pays en développement tentent de s'éloigner de l'économie tributaire des produits de base, bon nombre d'entre eux considèrent les ICC comme une voie à suivre pour parvenir à une croissance économique inclusive et durable. En Indonésie, l'économie créative a contribué à 7,1% du PIB en 2014 et a concerné environ 12 millions de travailleurs. Cela signifie que l'économie créative a le potentiel stratégique de contribuer véritablement à la réduction de la pauvreté et à la création d'emplois.

M. Triawan Munaf, Directeur de Bekraf, note: « Nous sommes confrontés à des défis complexes et l'économie créative devient très importante dans un environnement de concurrence accrue et de fragilisation des ressources naturelles  sur lesquelles nous ne pouvons plus nous reposer uniquement. Nous devons trouver des sources de valeur alternatives au-delà de la main-d'œuvre bon marché et des ressources naturelles. La conclusion est que l'Indonésie doit innover».

Le budget de Bekraf sert à soutenir la recherche, l'éducation et le développement, l'accès au financement, le développement des infrastructures, la facilitation des droits de propriété intellectuelle et de la réglementation, et offre d’autres appuis techniques. Sur 16 sous-secteurs, Bekraf a concentré ses efforts en 2016 sur trois d’entre eux: applications numériques, cinéma et musique, en conseillant le gouvernement sur la manière d'ouvrir ces secteurs créatifs aux investissements directs étrangers (IDE) dans le but de stimuler l'industrie locale.

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