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État des lieux par région : Afrique (subsaharienne)

Rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030

Pour l'Afrique subsaharienne, la période sur laquelle porte ce Rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030 se caractérise par une forte croissance économique, par une activité politique croissante en science, technologie et industrie (STI), ainsi que par l'apparition de pratiques exemplaires dans ce domaine, même si la région dans son ensemble affiche toujours une allocation de ressources relativement faible en faveur des STI. Ainsi, bien que la part de l'Afrique subsaharienne dans la population mondiale ait gagné un point de pourcentage entre 2007 et 2013, son PIB n'a augmenté que de 0,3 % et sa dépense brute en R&D (DIRD) n'a progressé que de 0,1 %.

Parallèlement, l'Afrique présente des perspectives prometteuses de plus en plus nombreuses. Ainsi, plusieurs pays, dont l'Éthiopie, le Ghana, le Mozambique et le Rwanda, ont vu leur production scientifique s'accroître considérablement. Si l'Afrique du Sud représentait 46 % des publications de l'Afrique subsaharienne en 2014, le niveau de productivité scientifique (nombre d'articles par million d'habitants) de pays à revenu faible comme le Bénin et la Gambie était comparable à celui d'économies à revenu intermédiaire. Ces dernières années, les activités de R&D (DIRD exprimée en pourcentage du PIB) en Éthiopie (0,61 % en 2013) et au Kenya (0,79 % en 2010) ont progressé et se situent à un niveau semblable à celui d'une économie à revenu intermédiaire. Le Malawi a vu sa DIRD augmenter pour atteindre 1,06 % du PIB ces dernières années ; par rapport à tous les autres pays ayant un volume de population similaire, les scientifiques de ce pays publient en quantité plus importante dans des revues de grande diffusion – par rapport au PIB .

L'Afrique de l'Ouest dans son ensemble n'a pas progressé aussi rapidement que le reste du continent en ce qui concerne le nombre de publications scientifiques. Toutefois, plusieurs initiatives devraient favoriser la coopération, la mobilité et la production des scientifiques : la mise en place récente de réseaux de centres d'excellence dans cette sous-région, dans des disciplines allant des mathématiques appliquées aux sciences environnementales ou à l'agriculture, par le biais de projets en coopération avec la Banque mondiale et l'Union économique et monétaire ouest-africaine ; et le Réseau africain d’expertise en biosécurité (ABNE), dont le siège est au Burkina Faso depuis 2010. L'Institut africain des sciences mathématiques (African Institute for Mathematical Sciences [AIMS]) est un réseau panafricain de centres d'excellence axés sur les études supérieures, la recherche et la diffusion des connaissances en sciences mathématiques. À ce jour, il est présent en Afrique du Sud (depuis 2003), au Sénégal (2011), au Ghana (2012), au Cameroun (2013) et en Tanzanie (2014).

Le financement extérieur de la R&D est déterminant dans plusieurs pays d'Afrique, notamment dans ceux dont le ratio DIRD/PIB est bien supérieur à celui d'autres pays en développement. C'est par exemple le cas du Kenya (0,79 % en 2010, dont 47 % financés par des fonds étrangers) ou encore du Mozambique (0,42 % en 2010, dont 78 % financés par des fonds étrangers).

Les regroupements et les pôles d'innovation jouent un rôle essentiel dans la mise en relation des divers intervenants publics et privés, ainsi que dans la hausse du niveau global d'investissement en STI, tout particulièrement au Kenya, en Éthiopie, au Gabon et en Ouganda. D'autres, comme le Malawi et le Mozambique, affichent un investissement en R&D bien supérieur à ce que l'on attendrait d'eux, notamment parce qu'ils attirent un volume important de fonds étrangers pour la recherche. Le Rwanda, pays enclavé, développe son infrastructure en TIC et son interconnexion par le biais de réseaux à haut débit mondiaux (basés en mer), et ce, en coopérant avec ses voisins tanzanien et ougandais.

Il existe aussi des initiatives de R&D dans le secteur manufacturier qui cherchent à dépasser le stade du développement expérimental. En Ouganda, le College of Engineering Design, Art and Technology de Makerere développe un prototype de voiture électrique pour deux passagers (baptisée Kiira EV), qu'il espère commercialiser.

À l'heure où la région s'efforce de mettre en œuvre sa stratégie axée sur l'avenir intitulée « Science, Technology and Innovation Strategy for Africa » (STISA-2024), elle s'appuie sur une assise bien plus solide qu'il y a dix ou cinq ans.