Rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030

La période visée par ce Rapport a été marquée par le Printemps arabe et les instabilités politiques qui s'en sont suivi dans une grande partie de la région arabe. Malgré cela, de nombreux indicateurs de production de STI et d'initiatives en la matière reflètent une augmentation, la région ayant notamment multiplié par deux ses efforts de publication. Elle a également vu augmenter sa participation globale à l'activité de R&D (en moyenne 0,30 % du ratio DIRD/PIB en 2013, contre 0,22 % en moyenne en 2007), même si l'on ne dispose pas de données récentes pour tous les pays. Collectivement, les États arabes comptaient pour 1 % de la dépense mondiale en R&D en 2013, en hausse par rapport au 0,8 % de 2007, bien que les pays arabes les plus riches n'aient joué qu'un rôle modeste dans cette progression.

Toutefois, on observe dans les États arabes les signes précurseurs d'une importance accrue des STI. Alors que la participation des femmes à l'économie est généralement faible dans la région, dans la science et la recherche, en revanche, des États arabes comme l'Égypte et Bahreïn s'approchent davantage de la parité des sexes que l'Europe, par exemple (43 % de femmes en Égypte et 41 % à Bahreïn). Dans dix pays arabes, les femmes représentent entre 34 % et 57 % des diplômés de l'enseignement supérieur en science, en ingénierie et dans l'agriculture –ce qui constitue une proportion relativement élevée.

Les États arabes mettent en œuvre des initiatives conjointes afin que les programmes d'études des universités correspondent davantage aux besoins de l'économie. En 2014, l'Organisation de la Ligue arabe pour l'éducation, la culture et la science (ALECSO) et l'UNESCO ont décidé de mettre en place un observatoire en ligne de la science et de la technologie, qui proposera un portail pour les projets de recherche mais répertoriera aussi les universités et centres de recherche scientifique arabes, ainsi que les brevets, les publications, et les mémoires de master et thèses doctorales au format numérique.

Avec 1 394 chercheurs par million d'habitants en 2013, la Tunisie est en tête des États arabes pour la densité de chercheurs. Elle affiche aussi la plus grande densité de production scientifique (276 articles par million d'habitants) en dehors des économies à rente pétrolière.
- Tableau 17.2 : Chercheurs arabes (personnes physiques) par secteur d’emploi, 2013 ou année la plus proche (%)
Tableau 17.3 : Diplômés arabes de l’enseignement supérieur en science, ingénierie et agronomie, 2012 ou année la plus proche - Figure 17.6 : Techniciens et chercheurs ETP arabes par million d’habitants, 2013 ou année la plus proche
L'Égypte a réussi à accorder une plus grande priorité politique à l'économie du savoir, moteur d'une expansion économique si nécessaire. Jusque-là inactif, le parc scientifique et technologique Zewail (Zewail Park of Science and Technology) a été remis en route et un observatoire des STI a été créé afin d'améliorer la collecte et l'analyse des données. Le mandat constitutionnel de 2014 charge le gouvernement d'augmenter la dépense en R&D afin que celle-ci s'élève à 1 % du PIB contre 0,68 % en 2013, niveau plutôt caractéristique des économies à revenue intermédiaire.

Le Maroc, l'un des pays arabes les plus à la pointe de la technologie – si l'on se fonde par exemple sur la composante de haute technologie de sa production et de ses exportations – est également en tête pour ce qui concerne l'investissement en R&D du secteur privé. Ailleurs dans la région, les gouvernements cherchent aussi à se rapprocher du secteur privé, comme l'indique la stratégie des États arabes pour la science, la technologie et l'innovation adoptée en mars 2014. Le Maroc a l'ambition de devenir le chef de file africain pour l'énergie éolienne et l'énergie solaire. Il a inauguré le plus grand parc éolien d'Afrique à Tarfaya en 2014 et aménage actuellement un énorme parc solaire à Ouarzazate.
Quelques-uns des pays arabes exportateurs de pétrole prennent des mesures visant à favoriser le transfert de technologie et son assimilation, et ce, afin d'accroître la production d'énergie renouvelable. Ainsi, par le biais de son Programme des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique adopté en 2011, l'Algérie prévoit d'installer 22 gigawatts de capacité de production électrosolaire d'ici à 2030 pour rester un important fournisseur d'énergie malgré un possible épuisement de ses réserves de combustible fossile. Bien que l'on constate de faibles niveaux d'investissement en R&D, d'autres économies à rente pétrolière ont également intensifié leurs efforts en vue d'atteindre l'excellence scientifique. Au Qatar et en Arabie Saoudite, les publications scientifiques ont fait un bond considérable, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif, comme l'indiquent différents indicateurs de citation et de pertinence (par exemple, la part dans le décile supérieur d'articles).
Sur les quelque 50 sources de rayonnement synchrotron au monde, seules quelques-unes se situent dans des pays en développement. Le Centre international de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient (SESAME) – la première source du genre dans la région – devrait être opérationnelle mi-2016 par le biais d'un projet de collaboration réunissant l'Autorité palestinienne, Bahreïn, Chypre, l'Égypte, l'Iran, Israël, la Jordanie, le Pakistan, et la Turquie, sous l'égide de l'UNESCO.