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État des lieux par région : Europe et Amérique du Nord

Rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030

Aux États-Unis, une légère reprise commence à se faire sentir et l'investissement en R&D du secteur privé est en hausse. À l'échelle internationale, les États-Unis restent en tête de la R&D, puisqu'ils participent pour 28,1 % à la DIRD mondiale. Le gouvernement américain s'affaire à mettre en œuvre certaines réformes structurelles qui conditionneront fortement l'orientation future de la science et de la recherche. Cela est particulièrement manifeste dans le domaine de la santé, comme en témoignent la loi sur les soins abordables (Affordable Care Act [2010]) et l'initiative BRAIN du Président américain (Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies Initiative [2013]). L'administration s'efforce de maintenir les investissements américains en science, en technologie et en innovation industrielle. Parallèlement, la recherche en défense et dans les domaines connexes est en baisse ces dernières années.

Malgré le manque de soutien du corps législatif, le changement climatique est une priorité de premier plan dans la politique scientifique de l'administration américaine. Usant de ses pouvoirs de réglementation, l'Agence des États-Unis pour la protection de l'environnement a défini des réductions d'émissions de carbone et certains États se sont fixé des objectifs stricts en la matière – la Californie en particulier. Ces objectifs ne pourront être atteints que par le biais de progrès technologiques majeurs et avec la coopération des parties prenantes de l'industrie. L'American Business Act on Climate Pledge, annoncé par la Maison-Blanche en juillet 2015, est soutenue par 13 grandes entreprises du secteur manufacturier et des services (Alcoa, Bank of America, Berkshire Hathaway Energy, Coca Cola, Google, Walmart…), qui se sont engagées à réduire leurs émissions de carbone.

Le gouvernement américain finance également des initiatives d'envergure en matière d'énergie de remplacement, en particulier par le biais de l'Advanced Research Projects Agency – Energy (ARPA-E). Créé en 2009, cet organisme pour la recherche avancée en énergie dispose d'un financement annuel se situant entre 180 millions de dollars en 2011 et 280 millions en 2015.

Les pays riches en ressources de matières premières, comme le Canada et la Russie, ont traversé la période d'après-crise avec une relative facilité jusqu'à la chute des prix du pétrole et d'autres matières premières en 2014. Ils voient aujourd'hui leurs efforts en STI mis à rude épreuve alors qu'ils ont fortement besoin de nouveaux moteurs de croissance.

Avec 54 631 articles scientifiques publiés en 2014 (4,3 % du volume mondial), le Canada est en tête des grandes économies avancées (pays du G7) pour le volume de publications par million d'habitants (1 538 articles). Mais c'est aussi l'une des rares grandes économies avancées à enregistrer une baisse de son ratio DIRD/PIB ces dernières années (de 1,92 % en 2007 à 1,63 % en 2013). Particulièrement soucieux d'inverser la tendance à la baisse de son investissement en R&D du secteur privé, le Canada prend actuellement des mesures visant à renforcer les liens entre l'industrie et le monde universitaire, ainsi qu'à tirer parti de ses atouts industriels dans des domaines comme l'énergie, les produits pharmaceutiques, les TIC, etc.

L'Union européenne continue, dans l'ensemble, d'afficher une croissance ralentie de sa production économique et de sa dépense en R&D. Seuls les trois membres nordiques (le Danemark, la Finlande et la Suède) dépassent l'objectif fixé par l'UE, à savoir un ratio DIRD/PIB de 3 %, tandis que l'Allemagne en est proche.

Le huitième échelon des Programmes cadre (FP) pour la recherche et le développement technologique, baptisé « Horizon 2020 » et axé sur la période 2014-2020, apporte près de 80 milliards d'euros (soit une augmentation de 23 % par rapport à son prédécesseur, FP7) pour favoriser l'innovation mettant l'accent sur l'utilisation efficace des ressources, la croissance durable et des sociétés inclusives. En complément, la Commission européenne a mis en place un plan d'investissement pour l'Europe afin d'encourager l'innovation dans les entreprises plus petites et d'accélérer les réformes structurelles. Dans de nombreux pays de l'UE, toutefois, la recherche n'est pas assez dynamique pour atteindre les objectifs fixés, et ce, malgré ces initiatives.

Cependant, Horizon 2020 reste un instrument puissant qui favorise la mobilité et la coopération au sein de l'Union, et qui constitue aussi un attrait important pour les régions voisines de l'UE, comme l'Europe du Sud-Est, les pays du bassin de la Mer Noire, ou encore les pays bordant les côtes sud de la Méditerranée.

Depuis 2012, la Fédération de Russie à pris des mesures pour améliorer les conditions des chercheurs, favoriser le développement de technologies stratégiques clés comme les nanotechnologies, et créer de meilleures synergies entre le secteur privé et le monde universitaire par le biais d'une réforme de son académie des sciences.

Si leur histoire récente leur a conféré un paysage économique structurel hétéroclite, les pays du bassin de la Mer Noire convergent aujourd'hui en ce qui concerne leur niveau d'industrialisation, de réussite scolaire et de dynamisme scientifique et technologique. À des degrés divers, ils cherchent tous à intégrer l'Espace européen de la recherche. Alors que le dynamisme en R&D de l'économie est en hausse en Turquie, il reste considérablement en deçà de ses niveaux d'autrefois dans les États issus de l'ancienne Union soviétique de la région.