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La dernière séance

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Le Raj Mandir, Jaipur (Inde).

Text: Katerina Markelova

C’est un plaisir dont une bonne partie du monde est privée depuis des mois : celui de pénétrer dans une salle de cinéma, se faufiler entre les rangées de sièges, se laisser envelopper par l’obscurité et aimanter son regard au grand écran pour mieux s’engouffrer dans la fiction. Ces lieux qui nous sont devenus temporairement inaccessibles, le photographe français Stephan Zaubitzer parcourt le monde, depuis 2003, pour les capturer avec son objectif. Ses « portraits » de cinémas font ressortir la singularité architecturale de ce patrimoine populaire, à mille lieues de l’uniformité des salles multiplexes. Le Rialto de Casablanca, le Roxy de Rio ou le Raj Mandir de Jaipur dressent leur façade imposante et un peu désuète, comme un spectacle avant le spectacle.

Lieux d’expérience collective, les salles de cinéma ont été très durement touchées par la crise sans précédent provoquée par la pandémie de Covid-19. Pour le seul mois de mars 2020, l’industrie cinématographique mondiale a enregistré une perte de revenus de sept milliards de dollars. Un certain nombre d’entre elles pourraient ne jamais rouvrir leurs portes. Alors qu’on célèbre l’Année internationale de l’économie créative au service du développement durable, l’UNESCO incite les décideurs à intégrer la culture dans leurs plans de relance, à s’attaquer à la précarité des artistes et au risque d’uniformisation des productions.