
Journaux de voyage
Le voyage est l'une des activités les plus importantes et les plus anciennes de l'homme. Multiples en apparaissent les motifs au cours des temps, de la recherche de nouveaux territoires de chasse à la conquête spatiale, sans oublier l'investissement de l'espace terrestre à des fins commerciales, religieuses ou politiques, ou encore la possession de l'invisible par le voyage « initiatique ».
On ne trouvera pas, dans ce numéro du Courrier de l'UNESCO, un inventaire du voyage sous toutes ses formes, passées et présentes, entreprise hors de proportion pour notre revue, mais, surtout, hors de notre propos. Nous avons retenu, en effet, le voyage en tant que mode de rencontre. Par un choix, aussi varié et ouvert que possible, de journaux ou de récits de voyage, lesquels traduisent les variations de l'espace et de l'imaginaire d'une époque, nous avons voulu montrer en quoi le voyage met en évidence la découverte de l'Autre, les dissemblances et les ressemblances perçues entre découvreur et découvert, allant des plus profonds antagonismes culturels à la reconnaissance du Même sous des aspects inattendus et aussi du Divers tel que la connaissance de la planète l'a peu à peu révélé.
Aussi avons-nous écarté de notre recueil de témoignages des descriptions « objectives » du climat, du paysage, de la flore, de la faune, des « met coutumes » ou de l'organisation politique, bref, des études scientifiques relevant de l'anthropologie générale ou de l'ethnologie.
Soucieux, donc, de présenter des anecdotes ou réflexions de voyageurs aussi divers que possible, géographiquement et culturellement, nous avons esquissé, pour les regrouper, une typologie, qui n'est exclusive, faut-il le préciser, ni dans ses catégories ni dans son contenu. Si certains grands voyageurs, comme un Marco Polo, un Bougainville ou un Malaurie, pour ne citer que ceux-là, ou certains grands écrivains, sont absents de ce numéro, c'est que nous avons voulu attirer l'attention, dans l'espace limité qui est le nôtre, sur quelques autres voyageurs, peut-être moins connus du public international, comme un Olaudah Equiano ou un Jan Myrdal, et, surtout, montrer que le rayonnement des voyages s'est effectué dans toutes les directions.
Notre but a été, en définitive, de rassembler des écrits nous montrant l'homme en face de lui-même, quelque déformée que puisse lui apparaître l'image que lui renvoie autrui.