Construire la paix dans l’esprit
des hommes et des femmes

L'Education pour tous à mi-chemin

1990 : Le mouvement de l’Éducation pour tous (EPT) est lancé à Jomtien (Thaïlande). La communauté internationale s’engage alors à assurer une éducation de base de qualité pour tous les enfants, jeunes et adultes.

2000 : Plus de 160 gouvernements fixent, à Dakar (Sénégal), six objectifs à atteindre au plus tard en 2015. Ces objectifs concernent la petite enfance, le primaire, l’apprentissage, l’alphabétisation des adultes, la parité des sexes et la qualité de l’éducation.

2007 : « Nous sommes à mi-chemin et nous avons de bonnes raisons d’être optimistes », déclare dans ce numéro du Courrier de l’UNESCO Nicholas Burnett, Sous-Directeur général de l’UNESCO pour l’Éducation et Directeur du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2008, qui vient de paraître. N’empêche qu’il reste des points inquiétants comme la petite enfance, la parité entre les sexes et l’alphabétisation des adultes.

Une des raisons des lenteurs réside dans le fait que l’éducation est souvent perçue comme une possibilité, alors qu’elle est un droit, estime Jan de Groof, professeur de droit de l’éducation au Collège d’Europe à Bruges. « Là où le droit à l’éducation pour tous est bafoué, la justice peut et doit intervenir », déclare-t-il et donne l’exemple d’enfants roms qui viennent tout juste d’obtenir gain de cause à La Cour européenne des droits de l’homme.

Des écoles exclusivement en romani constitueraient une forme de ségrégation, estime la Rom Michaela Zatreanu, experte en éducation (Roumanie), qui prône un enseignement à dimension multiculturelle.

En revanche, le Malien Adama Samassekou, Président de l’Académie Africaine des Langues, lutte de manière beaucoup plus virulente pour l’intégration des langues maternelles à l’école. « Nous avons besoin d’une école attachée à la société et non arrachée à elle », déclare-t-il.

Mais l’Afrique a d’autres soucis aussi, en matière d’éducation. Au Cameroun, par exemple, les « contractuels » constituent 53% des effectifs du corps enseignant dans le primaire. Ils ont autant de devoirs et beaucoup moins de droits que leurs homologues fonctionnaires. Comment dès lors assurer une bonne qualité de l’éducation ? L’instituteur-juriste Vincent Bikono raconte son expérience.

De l’autre côté de l’océan Atlantique, l’Équateur veut donner l’exemple en augmentant considérablement l’investissement dans l’éducation. Le ministre de l’Éducation, Raúl Vallejo Corral, donne un aperçu des réformes.

Toujours en Amérique latine, le Guatemala estime que les enfants qui ratent leur première année d’école peuvent êtres stigmatisés pour la vie. C’est la raison pour laquelle ce pays, qui compte près de 14 millions d’habitants dont 30% des adultes sont analphabètes, a lancé la campagne « Sauvons la première année ».

Et pour revenir aux points les plus sensibles de l’Éducation pour tous : David Archer (Aide-et-action) explique pourquoi l’analphabétisme coûte plus cher que l’alphabétisation ; Sylvie Cromer (Université de Lille 2, France), démontre que l’inégalité des sexes est visible jusque dans les manuels scolaires de mathématiques ; Shiraz Sidhva (journaliste indienne) raconte l’histoire des enfants travailleurs du Bangladesh à qui l’État donne une chance de réussir ; Ann Therese Ndong-Jatta (UNESCO) parle de l’action de l’Organisation en faveur de la petite enfance, notamment dans les pays en développement où l’accès à l’éducation préscolaire reste l’apanage des familles aisées.

Les rubriques de ce numéro du Courrier de l’UNESCO proposent un reportage photo sur l’éducation des filles au Yémen, un pays qui fait des efforts considérables pour combler l’écart entre le nombre d’inscriptions de filles et de garçon à l’école ; ainsi qu’un résumé succinct des six objectifs fixés à Dakar.

Jasmina Šopova, Rédactrice en chef

Découvrez ce numéro. Téléchargez le PDF. 

Décembre 2007