Construire la paix dans l’esprit
des hommes et des femmes

Un Village sénégalais refuse de s'endormir

Plus d'eau, pas de provisions, et nos deux pneus de rechange éclatés ! Dans cette chaleur vertigineuse qui crevasse déjà nos lèvres après la première journée de voyage, nous pouvions fort bien sécher indéfiniment au milieu de la route, à nous étonner que personne ne se porte à notre rencontre : on ne nous attendait que le surlendemain ! Traîtrise habituelle des transmissions africaines, responsables de mille contretemps et malentendus avec leurs télégrammes qui servent une fois sur deux à prouver, mais après coup, qu'on avait effectivement prévenu. Point de secours occasionnel à espérer non plus sur une telle piste, si peu fréquentée, dont nous avions, en quelques passages, perdu la trace.

Arriver, comme nous le faisons, à M'Boumba après la tombée de la nuit, cela veut dire que nous ne verrons rien, avant demain, des activités de nos hôtes. Mais ce toussotement mécanique qui s'amorce, puis se stabilise en ronronnement ? Mais cette ampoule qui s'allume à l'angle du mur, la seule sans doute à trouer les ténèbres de la brousse dans un rayon de cent kilomètres ? Mais cette rumeur qui sourd du village et converge dans notre direction? Eh bien ! c'est qu'en réalité tout commence à cette heure-ci. Se pourrait-il qu'en Afrique noire une nuit blanche eût d'autre mobile que le tam-tam et ses rythmes extatiques ?

Sans doute est-ce bien à un divertissement collectif que nous allons assister. Pourtant ce n'était pas du tout cela qu'avaient prévu, à l'origine, ses propres organisateurs.

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Janvier 1953