
Victoires sur le handicap : L'étonnante histoire de l'homme qui créa les Jeux Olympiques pour Paralysés
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Il y a vingt-cinq ans, un médecin fit un rêve. Il imagina des milliers de gens gravement paralysés réunis pour des Jeux Olympiques de Paralysés, ce que l'on pouvait difficilement imaginer dans un monde qui, alors, éliminait ces malheureuses victimes de lésions et de maladies, les traitant en parias, et mutilés incurables.
Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'un rêve mais d'une réalité et ces mêmes paralysés, hommes, femmes, enfants, ont incité d'autres handicapés ‒ amputés, aveugles, paralysés cérébraux ‒ à devenir des sportifs dans toute l'acception du terme.
Le médecin dont les idées furent à l'origine de ce mouvement mondial de sport pour les handicapés était le docteur Ludwig Guttmann, aujourd'hui Sir Ludwig. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il introduisit le sport tout d'abord au « Spinal Injuries Centre », Hôpital de Stoke Mandeville, Angleterre, comme une partie du traitement médical pour hommes et femmes souffrant de lésions de la moelle épinière et paralysés à partir de la ceinture, voire de la poitrine. A cela deux raisons : d'abord entraîner le corps, et ensuite prévenir l'ennui de la vie à l'hôpital.
Le sport possède une bien plus grande importance pour les handicapés graves que pour les personnes saines de corps. Un grave handicap physique agit, à un degré plus ou moins grand, sur les fonctions du corps, la coordination et peut conduire à des mouvements anormaux. Cela implique fréquemment des tensions psychologiques qui rendent difficiles, voire impossibles, les contacts sociaux avec le monde extérieur.
Si le paralysé se sent constamment objet de curiosité, il peut développer un complexe d'infériorité caractérisé par l'angoisse et accompagné d'une perte de confiance en soi et en sa dignité personnelle. Il en résulte apitoiement, repliement sur soi-même et attitudes antisociales. Mais si le paralysé s'adonne à des activités sportives, son équilibre psychologique se rétablit, lui permettant de faire face à la vie, en dépit de ses inadaptations physiques.
Le dernier, et peut-être le plus noble, des buts que poursuit le sport pour handicapés consiste à les aider à reprendre contact avec le monde qui les entoure. Le sport développe des attitudes mentales qui sont essentielles pour une réintégration sociale réussie et, surtout, pour un travail utile au sein de la communauté.
Toutes ces raisons conduisirent Ludwig Guttmann à créer en juillet 1948 les Jeux de Stoke Mandeville lors de la participation de seize paralysés, hommes et femmes démobilisés, à un concours de tir à l'arc. Les années suivantes, les Jeux se développèrent et le nombre des compétitions augmenta : tir à l'arc, jeux de boules, basket-ball, jeux de plein air, escrime, sports de piste, natation, ping-pong, haltérophilie, etc.
Aujourd'hui ces Jeux sont devenus un Festival international des sports (les Jeux Olympiques pour paralysés). Il a lieu chaque année ; trois années de suite au stade de Stoke Mandeville et la quatrième année dans le même pays que les Jeux olympiques.
Cette remarquable attitude sportive a incité le Comité olympique international, lors des Jeux olympiques de Melbourne en 1956, à remettre la coupe Fearnley à l'organisation des Jeux de Stoke Mandeville. Cette récompense olympique peut être remportée par n'importe quelle organisation sportive pour une réalisation extraordinaire concourant aux idéaux du mouvement olympique.
Les Jeux se tinrent à Rome en 1960, à Tokyo en 1964, en Israël en 1968 (puisque Mexico ne convenait pas pour les recevoir) et à Heidelberg en 1972. A Heidelberg, de même qu'à Munich, ces Jeux furent ouverts par le Président de la République fédérale d'Allemagne qui, en même temps, décora Ludwig Guttmann, fondateur des Jeux, de l'Etoile d'or de la Grand-Croix de l'Ordre du Mérite de la République fédérale.
Qui aurait pensé, lorsque les Jeux de Stoke Mandeville débutèrent en 1948, qu'un jour des paraplégiques et des paralytiques de toutes les parties du monde prendraient l'avion comme des sportifs et des sportives à part entière, exactement identiques à des athlètes physiquement sains, pour représenter à des dizaines de milliers de kilomètres, leurs pays à un festival i ternational de sports ?
Toute l'idée des Jeux tient dans ce message écrit par Ludwig Guttmann en 1956 : « Le but des Jeux de Stoke Mandeville est de réunir hommes et femmes paralysés de tous les pays du monde dans un mouvement sportif international. Votre esprit véritablement sportif aujourd'hui sera l'espoir et l'exemple de milliers de paralysés. »
En 1960 cet homme dynamique fonda la « British Sports Association for the Disabled organisation qui regroupe tous les types de handicapés : amputés, aveugles, paralysés cérébraux et paraplégiques.
Vers la fin de 1967, son rêve de construire un grand ensemble consacré aux sports pour les handicapés commença à prendre forme et, en juillet 1969, le stade de Stoke Mandeville pour paralysés et autres handicapés fut inauguré par la reine Elisabeth,
Quatre Jeux principaux se déroulent chaque année à Stoke Mandeville : les Jeux pour enfants atteints de handicaps multiples, les Jeux nationaux de Stoke Mandeville, les Jeux internationaux de Stoke Mandeville et les Jeux pour adultes atteints de handicaps multiples. Pendant la semaine, le stade est utilisé par des handicapés physiques et mentaux ; en fin de semaine, il sert à l'entraînement des membres de clubs sportifs pour handicapés.
Ce stade a pu être construit grâce à la ténacité et au dévouement de Ludwig Guttmann, grâce aussi aux contributions volontaires (et à un don modeste du gouvernement) de jeunes écoliers, de retraités, de gens de toutes les catégories sociales et de handicapés eux-mêmes.
La réalisation de cette idée de Ludwig Guttmann est un monument dédié à l'œuvre qu'il a accomplie tout au long des années en faveur des handicapés du monde entier. Ils peuvent ainsi, grâce au sport, réintégrer la société en tant que citoyens égaux et respectés de tous.