
L'Afrique australe aux prises avec le racisme
L'apartheid représente aujourd'hui la forme la plus vile de l'esclavagisme moderne. L'action patiente mais tenace et vigoureuse de l'Unesco rejoint le combat des noirs sudafricains eux-mêmes qui ont montré qu'avec le courage de la révolte, ils avaient désappris la peur et retrouvé l'espoir. La communauté internationale, pour rester fidèle à elle-même, doit se mobiliser et agir fermement afin de ne pas décevoir cet espoir.
La position de l'Unesco sur l'apartheid repose avant tout sur une analyse approfondie des effets de l'apartheid sur l'éducation, sur la culture, sur l'information. Il ne s'agit pas de faits isolés : l'apartheid est un tout, c'est un système ; et ce système n'est pas né du hasard ; il ne peut être amélioré par quelques retouches ici ou là. Il s'agit, comme pour le nazisme, de l'idéologie cohérente d'un État raciste qui frappe certes d'abord la communauté noire, la plus nombreuse, mais qui affecte aussi les métis, les Asiatiques, les blancs eux-mêmes.
Nul n'échappe à cette dialectique du maître et de l'esclave. Cette idéologie s'exprime à travers toutes les institutions de la République. Elle imprègne tous les niveaux du système éducatif, elle est enseignée dans ses écoles, elle est imposée aux artistes créateurs, elle contrôle l'information à l'intérieur des frontières de l'Afrique du Sud et cherche à la contrôler dans les pays étrangers. L'Unesco l'a proclamé à maintes reprises : son opposition à ce système est totale et radicale. La "défense des droits de l'homme sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion" que prescrit l'article premier de l'Acte constitutif de l'Unesco, perdrait tout son sens si cette idéologie était tolérée.
Amadou-Mahtar M'Bow, Directeur général de l'Unesco
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