
L'Humanisme, une idée neuve
« Affirmer la communauté et la dignité des hommes n’est pas une tâche moins urgente aujourd’hui qu’elle ne l’a été dans le passé », déclare le professeur indien Sanjay Seth dans l’article introductif de ce dossier (p. 6). Il lance plusieurs pistes de réflexion sur les contenus contemporains de l’humanisme, comme la remise en question de la raison unique, la rencontre de différentes visions morales développées à travers le monde ou la nécessité d’une justice globale. Autant de sujets approfondis sous divers angles par le Nigérian Michael Onyebuchi Eze (p. 10), la Grecque Mina Karavanta (p. 14) et la Mexicaine Paulette Dieterlen (p. 16).
Le tournant humaniste qui est en train de s’opérer fait la part belle aux traditions humanistes de toutes les cultures, estime le philosophe allemand Oliver Kozlarek (p. 18). En effet, certains courants de pensée islamiques plongent leurs racines dans l’idée même d’humanisme (p. 22), rappelle Mahmoud Hussein, politologue et islamologue égyptien.
Quant aux doctrines de Confucius et de Mencius, elles pourraient être considérées comme un modèle pour le développement du nouvel humanisme tel que le conçoit le professeur chinois Liu Ji (p. 25). Si les principes humanistes ne s’incarnaient pas dans la pratique, l’humanisme resterait un vœu pieux.
À l’heure de la mondialisation, nous devons exploiter les « forces imaginantes » du droit pour forger un humanisme juridique, pluriel et ouvert, affirme la juriste française Mireille Delmas-Marty (p. 28). Elle s’explique, entre autres, sur deux grands défis de notre modernité : le changement climatique et les nouvelles technologies numériques et biomédicales, sujets abordés par ailleurs par l’Américain Milad Doueihi (p. 33), la Néo-Zélandaise Ruth Irwin (p. 32), l’Israélienne Michal Meyer (p. 36) et l’Argentin Salvador Bergel (p. 39).
Pour conclure ce dossier, le sénateur brésilien Cristovam Buarque livre son projet d’un nouvel humanisme fondé sur sept piliers : politique planétaire, respect de la diversité, respect de l’environnement, garantie de chances égales, production maîtrisée par l’homme, intégration par l’éducation et modernité éthique (p. 41).
Notre invité dans ce numéro est l’acteur et réalisateur américain Forest Whitaker, récemment nommé Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO. Dévoué à la cause des enfants soldats, il s’explique sur ce choix qui l’a amené dans un univers austère et tragique, très éloigné du faste hollywoodien (p. 44).
L’avenir du livre est un sujet de prédilection de l’écrivain chilien Antonio Skármeta. L’auteur du roman Une Ardente patience (qui a inspiré à Michael Radford le film Le facteur) y fait le pari d’une cohabitation des différents types de supports : le numérique, fidèle allié de la recherche et de l’information, et le papier, qui demeure l’espace privilégié de « l’imagination non utilitaire » (p. 47).
Pour marquer la Journée internationale des personnes handicapées (3 décembre), nous publions l’entretien avec le réalisateur américain Roger Ross Williams, dont le film Music by Prudence lui a valu l’Oscar du meilleur courtmétrage documentaire. Il raconte sa rencontre avec Prudence, une jeune Zimbabwéenne amputée des deux jambes qui a réussi à surmonter, grâce au chant, nombre d’obstacles dont le rejet de sa famille, la discrimination et la misère (p. 51).
Jasmina Šopova, Rédactrice en chef