Imprimer: du caractère mobile à la puce

Il y a quelques années à peine, on soutenait couramment que l'un des grands changements de la société moderne était le déclin de l'écrit et de l'imprimé parallèlement à l'ascension triomphante des moyens audiovisuels de communication. Aujourd'hui, paraphrasant la réflexion que fit l'humoriste américain Mark Twain lorsqu'on publia prématurément l'annonce de sa mort, on peut dire que la nouvelle du décès de l'imprimé est grandement exagérée. Si, après l'invention de l'imprimerie au moyen de caractères mobiles, les techniques d'impression n'ont guère changé pendant des siècles, à l'heure actuelle la production des livres, des périodiques ou d'autres formes d'imprimés connaît une véritable révolution avec l'informatisation du dessin des caractères ou la photocomposition, la transmission de texte par satellite et d'autres techniques. Paradoxalement, l'essor des micro-ordinateurs et de la « microédition » offre aux utilisateurs, en théorie du moins, la possibilité de maîtriser les divers maillons de la chaîne éditoriale à l'instar des premiers imprimeurs-éditeurs européens, cinq siècles plus tôt.

Ce numéro du Courrier de l'Unesco présente un certain nombre de jalons dans l'histoire de l'imprimerie et de l'édition, de l'invention du papier en Chine il y a 2 000 ans aux percées électroniques récentes. Et il s'attache à l'évolution de quelques pratiques : le passage de la calligraphie à la typographie dans l'Europe de la fin du Moyen Age aussi bien que les techniques de la composition informatisée dans la Chine d'aujourd'hui. Dans son article sur la situation du livre en Inde, Lokenath Bhattacharya met en lumière certains problèmes que connaissent les pays en développement dans le domaine de l'imprimé, et nous rappelle que « l'importance de l'activité de publication dans un pays dépend essentiellement du taux d'alphabétisation de la population, du niveau d'instruction et du nombre de personnes instruites, ainsi que des politiques et des programmes d'éducation ».

Rédacteur en chef : Edouard Glissant

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