Coopération internationale des villes et cantons

Suisse
Quand
2012
Objectifs clefs de la mesure:

Les mesures de coopération internationale des cantons et des villes suisses englobent une vaste palette d’initiatives favorables à la mobilité des artistes et à l’accès d’expressions culturelles étrangères au marché suisse, preuve s’il en faut que leur autonomie est en elle-même source d’une grande diversité. Une nouvelle fois à titre d’exemples, on peut relever les initiatives suivantes:

Le canton de Genève se démarque par une démarche originale. Aux côtés de mesures culturelles au sens premier (soutien aux échanges culturels, attribution de résidences à Berlin, Barcelone, New York), ce canton a en effet voté une loi sur le financement de la solidarité internationale en 2001, et mis en place un service spécial dès 2003. Ce service s’efforce de «promouvoir un développement durable afin de contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les pays les moins favorisés et agir pour enrayer les inégalités socio-économiques, la discrimination et l'exclusion. Les projets de développement soutenus doivent […] favoriser l'épanouissement des populations dans le respect des diversités culturelles et promouvoir la démocratie et la mise en pratique des droits humains». Sur un budget total d’environ CHF 16 millions en 2010, 5% furent consacrés à des projets culturels et de sensibilisation. Furent notamment subventionnés divers festivals genevois (Festival Black Movie, Festival International du Film Oriental de Genève, Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains, etc.). La Ville de Genève apporte elle aussi son soutien à certains de ces «festivals de cinémas des autres mondes», ainsi qu’à un projet de construction d’une bibliothèque au Bénin. En matière d’ethnobotanique et d’éducation environnementale, elle finance par ailleurs un programme de coopération des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville avec des villes partenaires telles qu’Asunción, Dakar et la Paz.

Enfin, par l'entremise de leur soutien à la Fédération genevoise de coopération (FGC), le Canton, la Ville et les communes genevoises apportent leur soutien à des projets culturels au Sud d'ONG genevoises de coopération au développement. Il en va de même dans le canton de Vaud, où la Ville de Lausanne et diverses communes vaudoises soutiennent la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO) et où certains projets des ONG membres de la FEDEVACO, actives à l'Est ou au Sud, ont un volet culturel important.

A l’échelon cantonal, de nombreuses administrations soutiennent également la mobilité des artistes (Obwald, Schwyz, Zoug, Argovie, Thurgovie, Lucerne, St-Gall, Zurich, Grisons, Vaud, Valais, etc.). Le canton de Berne met par exemple à disposition des ateliers et studios d’artistes à New York, Paris, Berlin et Bruxelles, en réservant explicitement certains aux créateurs culturels francophones. Ceux-ci sont attribués chaque année à des artistes professionnels de différents domaines artistiques dans le cadre de bourses d’études. Le canton d’Argovie propose quant à lui des ateliers à Berlin, Londres et Paris. Il soutient l’accueil à Aarau d’artistes étrangers (principalement d’Inde et de Palestine) à travers le programme artists in residence ch et la mise à disposition d’ateliers à la Maison de la littérature de Lenzburg. Le canton d’Obwald propose des séjours de 4 mois dans l’un des Ateliers de Suisse centrale, situés à New York et Berlin, tout comme les cantons de Nidwald, Schwyz, Uri, Lucerne et Glaris, également associés à ce projet. Depuis 2005, Obwald soutient par ailleurs l’organisation d’un festival international de musique populaire facilitant l’accès d’artistes étrangers à la scène suisse (Volkskulturfest). Le canton d’Uri entreprend une démarche similaire par le festival international de musique Alpentöne et le festival de musique populaire d’Altdorf.

Les cantons de Thurgovie, St Gall, Schaffhouse, Appenzell Rhodes Intérieures et Extérieures, et Zurich sont réunis au sein de la Conférence internationale du Lac de Constance, qui intègre aussi les régions allemandes du Bade-Wurtemberg et de l’Etat libre de Bavière, le Land autrichien du Vorarlberg et la Principauté du Liechtenstein. Cette conférence prend notamment en charge la remise de prix et de distinctions, l’échange d’artistes et l’organisation de débats culturels.

Les échanges sont particulièrement dynamiques dans les grands centres urbains, comme le montre l’exemple de la région de Bâle, où un programme d’échanges et d’ateliers a été créé dès 1986 par la Fondation Christoph Merian, notamment financée par les cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne. Depuis 2004, cette fondation propose trois différents programmes aux artistes de la région et de celle, allemande, du Südbaden. Les échanges se font avec des villes partenaires telles que New Delhi, Helsinki, Johannesburg, Montréal, New York, Pékin, Rotterdam, le Cap, ou encore Douala (Cameroun) et Fremantle (Australie). Mais une proximité moindre avec le devant de la scène culturelle suisse n’est pas pour autant synonyme d’absence d’échanges, comme le démontre le canton du Jura et sa «politique culturelle d’ouverture», qui a conduit à la mise en place conjointe d’un Fonds de coopération culturelle avec le Territoire de Belfort (France) ainsi qu’à l’établissement d’un programme d’activités sur 4 ans (2010-2013) avec la Communauté française de Belgique, dans le but de permettre à des créateurs belges et jurassiens de développer des projets communs.

Relevons encore qu’il existe des initiatives originales telles que celle de la ville de Zurich, qui a fait de la coopération culturelle internationale un objectif prioritaire de sa stratégie pour les prochaines années (Städtische Kulturförderung 2012-2015), envisageant des contacts accrus avec l’étranger dans l’optique d’organiser de grandes manifestations susceptibles de stimuler les échanges et d’asseoir la réputation culturelle de Zurich, notamment dans le domaine de la danse. La ville sera à ce titre candidate pour organiser le Manifesta 2016 – l’une des principales manifestations d’art contemporain en Europe. Une dynamique similaire peut être constatée dans d’autres grandes villes suisses comme Lausanne, où l’un des principaux instruments de promotion de la Ville en 2009-2013 vise à «proposer une offre culturelle permanente riche et diversifiée dans les différents arts», soutenant à cet effet diverses institutions renommées, dans leurs activités locales tout comme dans leurs projets d’échanges internationaux (Béjart Ballet Lausanne, Collection de l’Art Brut, Musée Olympique, Théâtre Vidy-Lausanne, Prix de Lausanne pour les jeunes danseurs, etc.). La mobilité des artistes et des institutions est ainsi conçue, en milieu urbain, comme une opportunité de premier ordre pour promouvoir l’image d’une ville, notamment en termes d’attractivité économique et touristique.

De nombreuses autres villes suisses soutiennent les échanges d’artistes, principalement par la mise à disposition d’ateliers d’artistes, comme c’est le cas de Lucerne, qui a établi des partenariats avec les villes de Chicago, Cieszyn, Guebwiller/Murbach, Olomouc et Potsdam afin d’encourager les échanges d’artistes et d’expositions d’art. Cela vaut aussi pour les petites villes, comme celle de Köniz (Canton de Berne), qui a établi un partenariat avec Prijepolje (Serbie) depuis octobre 2005 dans le domaine de l’éducation musicale et de l’entraide entre bibliothèques.

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