La mise en place d’un partenariat novateur entre les artistes locaux et une organisation non gouvernementale (ONG) a récemment contribué à insuffler une nouvelle vie à la création la plus connue de Madagascar, le lambahoany, qui s’exprime sur le textile. Depuis les années 1990, la production nationale de lambahoany, symbole de la société malgache, déclinait. Cela était dû, en partie, aux importations de tissus colorés bon marché. Ce partenariat avait pour but de faire revivre le lambahoany pour une nouvelle génération et de créer de nouveaux marchés.

Avec l’appui financier du Fonds international de l’UNESCO pour la diversité culturelle, le CITE, ONG nationale, a formé des artistes locaux à la réalisation de nouveaux motifs de lambahoany. Graphiste et vidéographe, Ridha Andriantomanga figurait au nombre des participants. « C’est ma première expérience de création de lambahoany. Le projet m’a permis de découvrir les étapes de sa fabrication et les diverses contraintes techniques », a-t-elle déclaré. 

Un marketing novateur et cohérent a suscité l’enthousiasme autour du lambahoany moderne produit localement. En décembre 2011, plus de 2 000 personnes ont visité, à Antananarivo, une exposition d’imprimés réalisés par les artistes. Ces créations ont aussi été largement diffusées via des catalogues et des brochures, dans des galeries d’art et sur des panneaux d’affichage urbains.  

En avril 2012, par ailleurs, une projection documentaire a attiré 1 500 visiteurs supplémentaires. Le CITE a également organisé, pour les artistes et les partenaires intéressés, un forum destiné à les aider à nouer des liens commerciaux.

Suite à cela, le CITE est parvenu à mettre sur pied, entre les artistes et l’entreprise textile Cotona, un contrat de production d’un premier lot de 3 000 lambahoany sur lesquels figuraient de nouveaux motifs modernes et un message social des artistes eux-mêmes. Depuis mai 2012, on trouve ces produits sur les marchés.

Un autre participant, Andrianetrazafy Hemerson, a ajouté que « le projet a[vait] donné aux entreprises l’occasion de bénéficier de la créativité des artistes et aidé ces derniers à nouer des liens avec les entreprises ». 

Le projet a fait valoir le lambahoany comme forme d’art national et incité à renouveler ses motifs de manière créative. Catie de Balmann, qui a collaboré à cette activité, a expliqué l’importance culturelle du lambahoany : « Le lambahoany enveloppe le peuple malgache dans toute son existence, hommes comme femmes, vivants comme morts… Il s’agit, aussi et surtout, d’un symbole de leur identité enracinée dans les mœurs et les rituels. Les personnes qui portent le lambahoany présentent l’un des principaux visages de Madagascar ». 

Grâce au projet, les artistes ont gagné en visibilité et ont désormais accès à un marché plus important. Avec l’Association des médiateurs culturels et d’autres acteurs, il se met actuellement en place une deuxième phase, qui comprendra de nouveaux motifs et de nouvelles expositions.

Il est également question de créer une collection de lambahoany à échanger avec d’autres pays et à commercialiser à l’international.