Dans le domaine de la culture, le Gouvernement cambodgien a beaucoup soutenu les formes d’expression traditionnelles, en particulier pour promouvoir le tourisme. Les industries culturelles et créatives contemporaines et leurs retombées bénéfiques, notamment sur l’emploi, ont reçu moins d’attention. 

Un document stratégique, intitulé Politique culturelle pour le Cambodge – proposition initiale, a été élaboré en 2011. Il reflète l’engagement politique du gouvernement et définit la culture comme un élément intersectoriel qui touche divers secteurs gouvernementaux. Néanmoins, plusieurs étapes restent à franchir pour faire de cette politique une réalité.

Les mécanismes et structures qui permettraient la croissance du secteur de la culture restent à développer ; par ailleurs, l’absence de données officielles et le manque de qualification de la majorité du personnel employé dans le secteur public de la culture sont à déplorer. 

Avec le soutien de la Banque d’expertise UNESCO/UE pour le renforcement du système de gouvernance de la culture, des recommandations concrètes en matière de politiques ont été formulées à l’intention du gouvernement pour l’orienter sur la façon dont il pourrait renforcer le secteur, en instituant une collaboration interministérielle et un perfectionnement professionnel continu des fonctionnaires, et en étoffant la politique culturelle dans certains domaines clés, comme celui des droits d’auteur. Le plus urgent est de sensibiliser les autres ministères au rôle que les arts et la culture peuvent jouer pour le développement, aux plans économique, social et politique.

« La coopération interministérielle nous semble la clé du développement des industries créatives pour l’avenir », note Mme Dragićević Šešić, une des expertes ayant participé au projet. Pour maintenir la force d’entraînement créée, une série de mesures concrètes et peu coûteuses ont été proposées aux ministères compétents. « Pour le Ministère de l’éducation, par exemple, nous avons dédié l’année scolaire 2015 aux thèmes de l’art et de la culture. Nous avons proposé des activités comme des résidences d’artistes dans des écoles, ou la campagne « Je grandis avec un livre », qui vise à promouvoir la lecture chez les jeunes », explique-t-elle. 

Une autre recommandation clé est d’offrir aux 3 500 employés du Ministère de la culture, de manière systématique et tout au long de leur carrière, la possibilité de développer leurs compétences professionnelles. Dans les années 1970, des millions de Cambodgiens, parmi lesquels des professionnels et des artistes, ont été tués. La nation s’emploie toujours à reconstituer les capacités humaines dans tous les secteurs, notamment culturel et créatif. Il est urgent d’offrir au personnel du Ministère – qui compte non seulement des administrateurs, mais aussi des artistes-interprètes, des artistes et des employés de musée – la possibilité de développer ses compétences. 

« Nous pouvons y parvenir en proposant des formations collectives assurées par les pairs. Dans chaque institution, il y a quelqu’un qui peut partager son savoir-faire avec les autres. De nombreux volontaires viennent par ailleurs au Cambodge chaque année, et l’on pourrait tirer parti de leur savoir-faire », suggère Mme Dragićević Šešić.  

Par ailleurs, un programme pilote de renforcement de capacités est en cours de mise en œuvre. Il vise à renforcer les qualités de chef et l’esprit d’entreprise, et à introduire un modèle de gestion innovant, fondé sur la collaboration interministérielle, pour la création d’un Centre pour la culture autochtone à Ratanakiri ; il propose aussi des initiatives culturelles, telles que la mise en place d’une année scolaire dédiée aux arts et à la culture, ou d’un prix du design dans le secteur concerné.