À l’approche du G20 accueillie par l’Italie, la culture est reconnue comme essentielle à la relance post-pandémie
Sous la présidence italienne du G20, des experts de la culture, des représentants des organisations internationales et des réseaux professionnels se sont réunis du 9 au 13 avril 2021 autour de trois webinaires visant à renforcer le poids de la culture au sein du G20. Les webinaires ont abordé des défis prioritaires soulevés par la pandémie sans précédent de la COVID-19 et ont souligné le rôle clé de la culture en faveur de la relance socio-économique, ainsi que son rôle dans la poursuite d’un changement transformateur afin de mieux reconstruire des suites de la pandémie. Les webinaires ont été conçus de manière à nourrir les discussions politiques à l’approche du G20, en mettant en lumière l’impact concret de la culture sur la croissance économique et le développement durable.
« La culture revêt une profonde importance dans un monde globalisé, face aux défis majeurs à venir auxquels nous serons confrontés. La culture est un instrument important du dialogue entre les peuples, les religions, les différentes civilisations et, par-dessus-tout – dans le contexte du G20 – la culture se présente comme un moteur de croissance économique durable. » - Dario Franceschini, ministre italien de la Culture
Ces échanges associant différents acteurs ont rappelé la place centrale de la culture au cœur de l’agenda des politiques publiques. De la protection du patrimoine culturel contre le trafic illicite aux réponses culturelles à l’atténuation et l’adaptation au changement climatique en passant par les synergies entre la culture et l’éducation, les thèmes retenus par la présidence italienne du G20 ont mis en lumière le rôle transversal de la culture au service du développement durable. Bien que le secteur culturel soit l’un des secteurs les plus durement touchés par la crise, celle-ci est fondamentale pour les scénarios de relance post-pandémie. Faisant écho aux efforts de l’UNESCO pour renforcer le dialogue politique et catalyser le soutient à la culture au sein du spectre politique, l’inclusion de la culture dans le G20 a été reconnu comme une étape clé.
« Les débats ministériels du G20 et les évènements comme le Forum des ministres de la culture de l’UNESCO organisé en 2019 ou la conférence Mondiacult prévue pour 2022, soulignent tous l’importance croissante de la culture dans les discussions intergouvernementales » - Ernesto Ottone R., Sous-Directeur général pour la culture de l’UNESCO.
La protection du patrimoine culturel et la lutte contre le trafic illicite : L’avenir nous rendra notre passé
Le premier webinaire a exploré les stratégies pour la protection du patrimoine culturelle à travers une coordination systémique plus accentuée afin d’atténuer le trafic illicite et régler les situations d’urgence. Sous la direction de l’Arme des Carabiniers italiens, des représentants de l’UNESCO et de ses partenaires, UNIDROIT, INTERPOL, l’Organisation mondiale des douanes (OMD), la Cour pénale internationale (CPI), l’ICOM, l’ICOMOS et Eurojust, ont souligné la nécessité de renforcer la mise en œuvre des instruments normatifs et des outils politiques existants aux niveaux internationaux, régional et national. Ils ont également souligné le besoin de coordonner les cadres juridiques privés et publics et de les adapter au nouvel environnement numérique en mettant l’accent sur la coopération entre toutes les parties concernées. Le développement de stratégies de gestion des risques, d’outils de suivi, de base de données et de plateformes partagées, à travers des réseaux professionnels et des unités nationales spécialisées ont été recommandées pour renforcer la lutte contre le trafic illicite.
Répondre à la crise climatique par la culture : Préserver le patrimoine culturel, soutenir la transition écologique
Le deuxième webinaire s’est axé sur l’impact du changement climatique sur le patrimoine culturel et les solutions multiples au service de l’adaptation, l’atténuation des effets et la résilience face au changement climatique. La contribution de la culture pour l’adaptation au changement climatique et pour l’atténuation de ses effets a été abordée par des acteurs clés tels que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’UNESCO, le Centre International d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), le Centre International pour la conservation des œuvres Historiques et Artistiques (ICC), ICOMOS et la Commission Européenne. Les intervenants ont partagé des approches et des outils analytiques innovants pour évaluer les risques et les vulnérabilités liés au changement climatique sur le patrimoine culturel, tout en renforçant l’importance de la technologie pour améliorer la collecte et le traitement des données et des indices. Le développement de réseaux multi-acteurs pour mettre en place des mécanismes d’information plus solides a également été mis en lumière, tel que le mécanisme flexible mis en place par la Grèce avec l’UNESCO et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) pour surveiller l’impact du changement climatique sur les sites du patrimoine mondial, ainsi que le groupe d’experts de l’initiative UNESCO-CIMOS-PICC portant sur le patrimoine culturel et le changement climatique, constitué à la suite du Sommet Action Climat de 2019. La promotion de modèles de développement centrés sur les personnes et ancrés dans les approches culturelles et les savoirs locaux et autochtones ont également été souligné comme des leviers pour favoriser le changement de comportements.
Renforcer les capacités par la formation et l’éducation : Le capital humain, moteur de régénération culturelle
Le troisième webinaire a porté son attention sur le besoin de renforcement des synergies systémiques entre la culture et l’éducation pour améliorer les compétences et le capital humain. Les intervenants incluaient des représentants de l’Organisation de coopération et développement (OCDE), la Commission Européenne, le Conseil européen, l’ICROM, ICOMOS, le Réseau européen de gestion et politique culturel (ENCATC), La Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques ; ainsi que plusieurs ministères de la culture, musées et institutions académiques. L’intégration de la culture à l’apprentissage pour améliorer l’adaptation et le développement des compétences dans l’environnement de travail a été mise en exergue – du système scolaire jusqu’à l’éducation non formelle, en passant par l’expérimentation par le biais de méthodologies créatives, y compris le design thinking pour favoriser les approches multidisciplinaires. Les synergies entre la culture et l’éducation contribuent à la justice sociale, au dialogue interculturel et à la paix. L’impact de la participation culturelle sur l’innovation, la résilience, la cohésion sociale et la santé mentale – mis en lumière par la pandémie actuelle – a été particulièrement souligné.
Ensemble, les participants des trois webinaires thématiques ont encouragé les pays du G20 à placer la culture au cœur de l’élaboration des politiques. Ces webinaires ont permis d’introduire les échanges qui se tiendront à la réunion des ministres de la culture du G20 les 29 et 30 juillet prochains. La réunion ministérielle se conclura sur l’adoption d’une déclaration ministérielle sur la culture, laquelle devrait renforcer un engagement plus important des dirigeants du G20 en faveur de l’intégration de la culture dans l’agenda politique et économique des pays du G20.
Les webinaires peuvent être visionnés ici : https://www.beniculturali.it/g20webinar