À l'horizon
L’économie créative sur le devant de la scène
En 2021, l’économie créative se retrouve sous les feux de la rampe dans un contexte de bouleversements sans précédent entraînés par la pandémie de COVID-19. L’Année internationale de l’économie créative pour le développement durable – proclamée par une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, originellement soutenue par 27 pays de toutes les régions du monde – met l’accent sur la contribution de la culture à l’économie mondiale et au développement durable. En outre, les industries culturelles et créatives (ICC), et leur place au cœur de l’économie créative, n’ont jamais été à un tel carrefour. À mesure que la pandémie de COVID-19 se propage, la fermeture généralisée des frontières et des lieux publics, ainsi que les mesures de distanciation physique affectent des segments entiers de l’économie créative. De nombreuses professionnels créatifs ont perdu leur emploi. Le spectacle vivant, dépendant étroitement des lieux de représentation, figure parmi les secteurs les plus durement touchés, une onde de choc qui s’est répercutée en chaîne sur les moyens de subsistance, la mobilité des artistes, l’accès au marché et la liberté artistique, ainsi que plus largement sur l’ensemble de la chaîne de valeur des fournisseurs et des prestataires de services. L’artisanat, un secteur clé pour l’emploi dansr de nombreux pays, a subi un ralentissement massif. La crise a accéléré les tendances antérieures, en particulier dans le domaine de la numérisation, et révélé les inégalités et les précarités existantes au sein de l’économie créative dans la plupart des pays du monde, y compris les pays où le soutien public au secteur créatif était plus ancré.
La crise actuelle attire clairement l’attention des décideurs sur le poids social et économique de l’économie créative, et engage les pays à réformer leurs politiques. L’ampleur des répercussions dans le secteur créatif, notamment en matière d’emploi, lance un signal d’alarme. Les pays sont plus que jamais invités à renouveler leurs modèles économiques et à renforcer l’investissement des politiques publiques dans un secteur où les plateformes numériques mondiales constituent désormais des monopoles qui interpellent le rôle des politiques publiques. En effet, l’économie créative devrait être pleinement reconnue comme un moteur économique – une reconnaissance qui est maintenant clairement formulée par les dirigeants mondiaux, y compris des plus grandes économies du monde comme le montre l’inclusion de la culture dans le récent sommet du G20, pour la première fois de son histoire. Par ailleurs, l’économie créative doit être résolument soutenue par des politiques publiques cohérentes, efficaces et intégrées. L’adaptation des politiques publiques demeure un chantier en devenir.
L’économie créative s’est affirmée comme l’un des moteurs des économies contemporaines. La valeur du marché mondial des biens créatifs a plus que doublé de 2002 à 2015, passant de 208 milliards de dollars des États-Unis à 509 milliards de dollars des États-Unis. Le secteur créatif compte parmi les secteurs de l’économie mondiale qui connaissent la croissance la plus rapide, générant près de 30 millions d’emplois dans le monde et employant plus de personnes âgées de 15 à 29 ans que tout autre secteur. Si la nature et la portée des ICC peuvent varier d’un pays à l’autre, elles sont globalement reconnues par les États membres comme un véritable moteur de développement économique et recueillent un soutien croissant des partenaires internationaux du développement.
Pourtant, cette volonté politique en faveur de l’économie créative et l’ambition de tirer parti de son potentiel économique ne sont pas pleinement reflétés dans l’investissement des politiques publiques. En effet, au cours des 20 dernières années, en l’absence d’une réforme de fond des politiques culturelles qui prenne en compte le poids économique des ICC dans son ensemble, les pouvoirs publics ont laissé le champ libre aux forces du marché et au secteur privé. Au-delà des déclarations politiques sur l'importance du secteur créatif, les politiques publiques restent globalement fragmentées ; une fragmentation qui fait également écho à la complexité d’un secteur vaste aux dimensions multiples. En outre, la contribution de l’économie créative au développement durable semble insuffisamment reconnue, comme l’indiquent les références limitées à l’économie créative dans les examens nationaux volontaires (ENV) des États membres (voir la section La culture dans le Programme 2030). Un engagement ambitieux et déterminé est donc nécessaire pour soutenir la relance du secteur et permettre sa contribution à un avenir plus durable.