
La sécurité des femmes journalistes
Résolutions et décisions de l'ONU
Cadre international des droits de l’homme
1. Résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies
- Dans la Résolution 2222 adoptée en 2015, le Conseil de sécurité constate les risques particuliers auxquels les femmes journalistes, les professionnelles des médias et les femmes qui font partie du personnel associé sont exposées dans leur travail et soulignant, dans ce contexte, qu’il importe de prendre en compte la problématique hommes-femmes dans les mesures visant à assurer leur sécurité en période de conflit armé ;
2. Résolutions du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies
- Dans la Résolution 21/12 adoptée en 2012 et la Résolution 27/5 adoptée en 2014, le CDH reconnaît également les risques spécifiques auxquels sont exposées les femmes journalistes dans l’exercice de leur profession, et soulignant, à ce sujet, l’importance d’adopter une démarche différenciée en fonction du sexe lorsqu’on envisage les mesures à prendre pour la sécurité des journalistes ;
- Dans la Résolution 33/2 adoptée en 2016, le CDH va plus loin en condamnant catégoriquement les agressions particulières que subissent les journalistes de sexe féminin dans l’exercice de leur métier, dont la discrimination et les actes de violence, d’intimidation ou de harcèlement sexuels ou sexistes, commis par Internet ou par d’autres moyens ;
- Dans la Résolution 39/6 adoptée en 2018, le CDH condamne à nouveau sans équivoque les attaques particulières dont les femmes journalistes et les professionnelles des médias sont l’objet en lien avec leur travail, telles que la discrimination fondée sur le sexe, la violence sexuelle et sexiste, les menaces, l’intimidation et le harcèlement, en ligne et ailleurs. Il demande instamment aux États de faire tout leur possible pour prévenir les actes de violence, les menaces et les attaques visant les journalistes et autres professionnels des médias, notamment en mettant en place des mesures de prévention et des procédures d’enquête sensibles à l’égalité des sexes, de façon à inciter les femmes journalistes à signaler les attaques dont elles sont la cible en ligne et hors ligne et à assurer un soutien approprié, notamment un soutien psychosocial, aux victimes et aux survivantes. Le Conseil des droits de l'homme demande aux États de lutter contre la discrimination à l’égard des femmes, notamment contre la violence sexiste, les menaces, l’intimidation, le harcèlement et l’incitation à la haine dirigés contre des femmes journalistes, en ligne et hors ligne, dans le cadre d’une politique générale visant à promouvoir et protéger les droits fondamentaux des femmes, à mettre fin aux inégalités subies par les femmes et à s’attaquer aux stéréotypes sexistes dans la société ;
- Dans la Résolution 38/7 adoptée en 2018, le CDH souligne les risques particuliers qui pèsent sur la sécurité des journalistes à l’ère du numérique, notamment le risque auquel ils sont exposés d’être la cible d’une surveillance illégale ou arbitraire et/ou de voir leurs communications interceptées, en violation de leurs droits au respect de la vie privée et à la liberté d’expression. Il condamne également sans équivoque les agressions commises en ligne contre des femmes, notamment la violence sexuelle et sexiste et les mauvais traitements dont elles font l’objet, en particulier les cas où des femmes journalistes, des professionnelles des médias, des fonctionnaires ou d’autres femmes participant au débat public sont prises pour cible parce qu’elles s’expriment, et demande qu’il y soit remédié par des mesures différenciées selon les sexes qui tiennent compte des formes particulières de discrimination en ligne;
- Dans la Résolution HRC/45/L.42/Rev.1 adoptée en 2020, le CDH est profondément alarmé par les risques particuliers auxquels sont exposées les femmes journalistes en raison de leur travail, et soulignant à ce sujet qu’il importe de suivre une approche qui réponde aux besoins des femmes lors de l’examen des mesures à prendre pour assurer la sécurité des journalistes, y compris en ligne, et en particulier pour lutter efficacement contre la discrimination fondée sur le genre, la violence sexuelle et fondée sur le genre, la menace, y compris la menace de viol, l’intimidation, le harcèlement et l’agression en ligne fondée sur le genre, notamment le chantage au moyen de contenu à caractère privé, l’inégalité et les stéréotypes sexistes, pour permettre aux femmes d’entrer dans la profession du journalisme et d’y rester dans des conditions d’égalité et de non‑discrimination, tout en leur garantissant la plus grande sécurité possible, et pour tenir compte des expériences vécues par les femmes journalistes et de leurs préoccupations.
3. Résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies
- Dans la Résolution 68/163 adoptée en 2013, la Résolution 69/185 et la Résolution 27/5 adoptées en 2014, et dans la Résolution 70/162 adoptée en 2015, l'Assemblée générale des Nations Unies reconnaît les risques spécifiques auxquels sont exposées les femmes journalistes dans l’exercice de leur profession et soulignant, à ce sujet, qu’il importe de tenir compte de la problématique hommes-femmes lorsque l’on examine les mesures à prendre pour assurer la sécurité des journalistes ;
- Dans la Résolution 72/175 adoptée en 2017, l'Assemblée générale des Nations Unies condamne sans équivoque toutes les attaques et toutes les violences visant les journalistes et autres professionnels des médias. Elle condamne également les agressions particulières que subissent les femmes journalistes dans l’exercice de leur métier, dont la discrimination et les actes de violence, d’intimidation ou de harcèlement sexuels ou sexistes, en ligne ou hors ligne. La Résolution engage les États à appliquer plus efficacement la législation en vigueur en matière de protection des journalistes et des autres professionnels des médias de façon à lutter contre l’impunité généralisée de ceux qui les attaquent;
- Dans la Résolution 74/154 adoptée en 2019, l'Assemblée générale des Nations Unies exprime sa profonde préoccupation quant aux risques spécifiques auxquels sont confrontées les femmes journalistes dans le cadre de leur travail, tant dans les situations de non-conflit que de conflit armé, où elles continuent d'être prises pour cibles à un rythme alarmant. Elle souligne dans ce contexte l'importance d'adopter une approche sensible au genre lors de l'examen des mesures visant à assurer la sécurité des journalistes et des travailleurs des médias, y compris dans la sphère en ligne, en particulier pour lutter efficacement contre la discrimination, la violence, les abus et le harcèlement fondés sur le genre, y compris le harcèlement sexuel, les menaces et l'intimidation, ainsi que l'inégalité et les stéréotypes fondés sur le sexe, pour permettre aux femmes d'entrer et de rester dans le journalisme dans des conditions d'égalité et de non-discrimination tout en assurant leur plus grande sécurité possible, et pour veiller à ce que les expériences et les préoccupations des femmes journalistes soient effectivement prises en compte et que les stéréotypes fondés sur le sexe dans les médias soient traités de manière adéquate. Elle condamne également les attaques spécifiques dont sont victimes les femmes journalistes et les travailleurs des médias dans le cadre de leur travail, telles que la discrimination et la violence fondées sur le sexe, y compris le harcèlement sexuel en ligne et hors ligne, l'intimidation et l'incitation à la haine à l'égard des femmes journalistes, et appelle les États à s'attaquer à ces questions dans le cadre d'efforts plus larges visant à promouvoir et à protéger les droits fondamentaux des femmes, à éliminer l'inégalité entre les sexes et à lutter contre les stéréotypes sexistes dans la société. Elle invite instamment les États membres à faire tout leur possible pour prévenir la violence, les menaces et les attaques visant les femmes journalistes et les médias travaillant dans des situations de conflit armé ou non ;
- Dans la Résolution 74/157 adoptée en 2019, l'Assemblée générale des Nations Unies condamne sans équivoque les agressions particulières que subissent les femmes journalistes et autres professionnelles des médias dans le cadre de leur travail, dont la discrimination et la violence fondées sur le genre, y compris les actes d’intimidation ou de harcèlement sexuels et l’incitation à la haine à l’égard des femmes journalistes, en ligne comme hors ligne, et demande aux États de se pencher sur ces questions dans le cadre de l’action visant à promouvoir et défendre les droits fondamentaux des femmes, à éliminer l’inégalité entre les sexes et à lutter contre les stéréotypes sexistes qui ont cours dans la société. L'Assemblée générale des Nations Unies exhorte également les dirigeants politiques, les fonctionnaires et/ou les autorités à s'abstenir de dénigrer, d'intimider ou de menacer les médias, y compris les journalistes et les travailleurs des médias, en particulier les femmes.
Résolutions, décisions et déclarations de l’UNESCO
1. Résolutions de la Conférence générale
- La Résolution 39C, adoptée en 2017 lors de la 39 esession de la Conférence générale de l’UNESCO, encourage la Directrice générale à renforcer les activités visant à lutter contre les menaces croissantes qui pèsent sur la sécurité des journalistes dans toutes les situations, y compris lors des conflits armés, et contre les menaces spécifiques qui pèsent sur la sécurité des femmes journalistes, en ligne et hors ligne ;
- Dans la Résolution 52 adoptée en 2019 lors de la 40e session, la Conférence générale de l'UNESCO autorise la Directrice générale à renforcer les capacités des journalistes, des enseignants en journalisme et de leurs établissements, en se servant des programmes types de l'UNESCO en tant que modèle d'excellence institutionnelle dans ce domaine, tout en encourageant la formation de femmes journalistes.
2. Décisions du Conseil exécutif
- La Décision 31 prise par le 196e Conseil exécutif de l'UNESCO en 2015, reconnait les risques spécifiques auxquels sont exposées les femmes journalistes dans l'exercice de leur profession, ainsi que de l'importance de prêter attention aux questions de genre lors de l'examen des mesures à prendre pour assurer la sécurité des journalistes. Le Conseil prie la Directrice générale de renforcer le rôle moteur que joue l'UNESCO dans la coordination de la mise en œuvre du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité, en s'efforçant notamment de resserrer la coopération avec les organisations professionnelles et d'autres acteurs concernés, en ce qui concerne la sécurité des journalistes, l'accent étant mis en particulier sur les femmes journalistes;
- Dans la Décision 5.I.I prise en 2017, le 201eConseil exécutif de l’UNESCO exprime son engagement à la sécurité des journalistes et des travailleurs des médias. Il reconnaît les risques spécifiques auxquels sont confrontées les femmes journalistes dans l'exercice de leur profession, notamment la discrimination et la violence sexuelles et sexistes, l'intimidation et le harcèlement, en ligne et hors ligne. Elle fait référence au rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité, qui met en évidence la sécurité des femmes journalistes, et auquel l'UNESCO a contribué. Elle demande également au Directeur général de lui présenter, à sa 202e session, un rapport d'étape contenant les résultats et l'impact des travaux de l'UNESCO sur la sécurité des journalistes et des propositions sur la manière de les renforcer, en tenant compte de la nécessité de prendre des mesures concrètes pour faire face aux risques spécifiques auxquels sont confrontées les femmes journalistes en ligne et hors ligne ;
- Dans la Décision 5.I.K prise en 2017, le 202eConseil exécutif de l’UNESCO constate avec préoccupation l’augmentation des agressions à l’égard de femmes journalistes, y compris en ligne. Il invite également la Directrice générale à renforcer les activités visant à lutter contre les menaces spécifiques qui pèsent sur la sécurité des femmes journalistes, en ligne et hors ligne ;
- Dans la Décision 5.I.B prise en 2019, le 206eConseil exécutif de l’UNESCO invite la Directrice générale à donner la priorité aux activités portant sur les menaces spécifiques à la sécurité des femmes journalistes, tant en ligne que hors ligne, ainsi que sur les nouvelles menaces émergentes pour la sécurité des journalistes.
3. Décisions du Conseil intergouvernemental du PIDC
- Dans les décisions prises par la 30esession du Conseil du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) en 2016, le Conseil intergouvernemental du PIDC invite la Directrice générale à approfondir le rapport analytique sur le meurtre de journalistes, de travailleurs des médias et de producteurs de médias sociaux tués dans l'exercice de leurs fonctions, en renforçant la désagrégation des données afin de mettre en évidence les risques spécifiques auxquels sont confrontées les femmes journalistes dans l'exercice de leur travail ;
- Dans les décisions prises par la 31e session du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) en 2018, le Conseil intergouvernemental du PIDC prie la Directrice générale de l'UNESCO de continuer à fournir au Conseil intergouvernemental du PIDC un rapport analytique sur les assasinats de journalistes, de travailleurs des médias et de producteurs de médias sociaux qui participent à des activités journalistiques sur la base de ses propres condamnations; y compris des informations sur les enquêtes judiciaires à partir des informations fournies par les Etats membres à titre volontaire;
4. Déclarations de la Journée mondiale de la liberté de la presse
- Dans la Déclaration de San José de l'UNESCO sur la garantie de la liberté d'expression dans tous les médias de 2013, les participants ont exprimé leur profonde inquiétude face aux attaques contre la liberté d'expression et en particulier contre ceux qui pratiquent le journalisme, ainsi qu'aux pressions spécifiques exercées contre les femmes journalistes ;
- Dans la Déclaration de Riga de l'UNESCO, « Laissez le journalisme prospérer ! Vers une meilleure couverture de l’information, l’égalité des genres et la sécurité des médias à l’ère du numérique », de 2015, les participants ont appelé l'UNESCO à renforcer la coopération avec les organisations professionnelles et d'autres acteurs pour traiter de la sécurité des journalistes, en mettant l'accent sur les femmes journalistes ;
- Dans la Déclaration de Finlandia sur l'accès à l'information et les libertés fondamentales de 2016, les participants ont reconnu l'importance de reconnaître le rôle des femmes journalistes et les menaces spécifiques auxquelles elles sont confrontées, notamment la violence sexuelle et le harcèlement en ligne et hors ligne ;
- Dans la Déclaration d'Accra « Médias, justice et état de droit : les contrepoids du pouvoir » de 2018, les participants ont appelé les journalistes, les médias, les praticiens des médias sociaux et les intermédiaires de l'Internet à fournir, selon les besoins, un équipement de sécurité et une formation au personnel qui risque d'être
- attaqué pour l'information qu'il diffuse, dont une formation spécialisée pour le personnel féminin;
- Dans la Déclaration d'Addis-Abeba « Journalisme et élections en temps de désinformation » de 2019, les participants ont mis l'accent sur la sécurité des journalistes, tout en tenant compte des menaces particulières pesant sur les femmes journalistes et les autres personnes exerçant leur droit à la liberté d'expression. La Déclaration est également venue soutenir la formation des journalistes et autres professionnels des médias afin de lutter contre les stéréotypes de genre et les représentations faussées des femmes dans les médias, et de sensibiliser les médias et l'électorat sur la nécessité et l'avantage de favoriser l'accès des femmes aux postes de direction.
Informations supplémentaires
- Conseil de l’Europe, Déclaration du Comité des Ministres relative à la protection du journalisme et à la sécurité des journalistes et des autres acteurs des médias, 2014 ;
- EU Human Rights Guidelines on Freedom of Expression Online and Offline from 2014;
- Conseil de l’Europe, Recommandation CM/Rec (2016)4 du Comité des Ministres aux Etats membres sur la protection du journalisme et de la sécurité des journalistes et autres acteurs des médias ;
- UN Human Rights council Universal Periodic Review;
- Rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, 2017;
- UNESCO and the UN Office of the High Commission on Human Rights's 2017 review of the UN Plan of Action on the safety of journalists and the issue of impunity;
- OSCE Ministerial Council Decision MC.DEC.3/18 on the safety of journalists from 2018.
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