Construire la paix dans l’esprit
des hommes et des femmes

Revue des femmes philosophes

 

La Revue des femmes philosophes, lancée en novembre 2011, est conçue comme un lieu de production du savoir et un espace de communication à l’échelle internationale pour les membres du Réseau international des femmes philosophes. Cette initiative représente une expérience unique à un niveau international, et l’approche adoptée repose sur les principes d’inclusion et de multidisciplinarité. Elle a pour but de réunir les femmes philosophes de toutes les régions du monde et de toutes les cultures autour d’un effort commun, à savoir l'acte même de penser aux moyens de différentes traditions intellectuelles, de différents critères académiques et de différentes pratiques.

Les femmes philosophes sont invitées à se saisir de questions fondamentales qui sont d’importance aujourd’hui dans les domaines du travail intellectuel et son influence sur la société, de l’égalité des genres, des droits de l’homme et de l’universalité, du dialogue interculturel et de la politique orientée vers la communauté.

Cette revue offre aussi un espace pour publier des annonces (en terme d’offres et de demandes) relatives à des stages, des parrainages, des formations, des publications, et d’autres modalités permettant les échanges entre femmes philosophes, doctorantes et chercheuses en philosophie.

 

Numéro 4-5 : Intellectuels, philosophes, femmes en Inde : des espèces en danger

Si l’on interroge l’homme de la rue, Madame-Monsieur Toutlemonde, à propos des « femmes en Inde », quelques idées reçues émergent vite. Ces idées reçues, statistiques à l’appui, sont hélas vraies. Elles ne naissent pas : les bébés de sexe féminin sont victimes de fœticide et d’infanticide (44.3 % contre 32% dans le monde *). Elles obéissent pour se marier à leur famille et à leur caste (85/% des mariages sont arrangés, 18% des épousées ont moins de 15 ans, 44% moins de 18 ans), leur dot est lourde pour leur famille (7634 procès pour défaut de paiement en 2015), elles sont vendues loin de chez elles, isolées dans une culture et une langue qu’elles ne connaissent pas. Ladki apne maa-baap par bojh hoti hai, « la fille est un fardeau », dit-on en hindi. Les viols sont nombreux (34771 déclarés en 2015 **) et impunis. Elles font l’objet de crimes d’honneur. Ce sont des esclaves domestiques ; elles font un travail d’esclave dans les mines. On les prostitue. Elles ont un accès plus restreint à l’éducation (67% d’adultes illettrés sont des femmes), un taux de décrochage plus élevé à l’université, en particulier dans les sciences, elles se cognent vite au plafond de verre.

Même si la loi et les mœurs ont évolué — elles ne se font plus brûler sur les bûchers pour accompagner leur époux dans la mort depuis la fin du dix-neuvième siècle —, tout cela est encore vrai.

Or, ce n’est pas d’abord de ces discriminations-là que parle ce numéro, même si elles constituent l’arrière-plan de toutes les analyses. Car on peut moins que jamais isoler le sort des femmes en Inde d’une situation socio-politique générale qui détermine ce qui leur arrive aujourd’hui. D’où le titre que nous avons choisi : « Intellectuels, philosophes, femmes en Inde : des espèces en danger ».

Tout est venu d’une rencontre avec Romila Thapar, la célèbre historienne de l’Inde ancienne, dont l’interview ouvre ce numéro. Nous avons alors ressenti la nécessité d’avoir un éditeur, ou plutôt une éditrice invitée, Divya Dwivedi. Et ce choix lui-même vaut description d’une partie de la situation. Elle est, son nom suffit à le faire savoir en Inde, de la caste des brahmanes — comme Romila Thapar, ou Gayatri Chakravorty Spivak appartiennent respectivement à la caste des Kshatriya et des Brahmanes, des castes supérieures. Elle est donc « intouchable », dans un tout autre sens que ne le sont les dalit, les « intouchables ». Intouchable dans un sens très relatif, car même dans les hautes castes l’intellectuelle ne vaut pas l’intellectuel. Elle a une formation de philosophe et de littéraire, l’anglais est sa langue maternelle autant que l’hindi, et elle s’est trouvée contrainte de réfléchir sur ce qu’est le postcolonial, à quoi il sert dans le sous-continent, de quoi il est le nom. Ne pas faire du post-colonial le premier et le dernier mot permet sans doute d’éclairer avec une autre précision ce qu’il en est des femmes, philosophes et intellectuelles, en Inde aujourd’hui.

Barbara Cassin

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Numéro 2-3 : Printemps arabes, printemps durables ?

Depuis la fin de l’année 2010, les révoltes, les révolutions s’étaient succédées dans plusieurs pays du monde arabe, et d’abord en Tunisie et en Égypte. Fait nouveau : dans la rue, hommes et femmes luttaient au coude à coude, réclamant le départ des dictateurs et l’instauration d’un pluralisme démocratique. Ils exigeaient l’égalité des droits, et remettaient en cause le statut des femmes. Cette fois, les femmes participaient en personne, et non par délégation, à la création d’un monde nouveau.

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Issue N° 1: Squaring the circle

Pour son premier numéro, la revue se propose de prendre le taureau par les cornes: elle interroge ses propres conditions de possibilité. Que se passe t-il sur le plan philosophique et politique lorsqu’on lance une Revue des femmes philosophes ? Il pourrait sembler que son intitulé suffise à la définir : son objet est la philosophie ; ses auteurs sont des femmes du monde entier. C’est très simple, très vrai, et pourtant si compliqué à tenir que ce premier numéro s’intitule : « La quadrature du cercle ».

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Numéro 0, décembre 2009 :

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La Revue des femmes philosophes est une revue électronique disponible en anglais et en français.

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