La Mulâtresse Solitude

Solitude incarne toutes les femmes et les mères des Caraïbes qui se sont battues pour la liberté et l’égalité dans le contexte du système esclavagiste.

Dossier Pédagogique

La Mulâtresse Solitude

Histoire et symboles

Introduction

Il n’existe pas d’autre référence historique à la Mulâtresse Solitude que les quelques lignes que lui consacre l’ouvrage Histoire de la Guadeloupe d’Auguste Lacour (1805-1869).

Pourtant, Solitude représente toutes les anonymes, femmes et mères, qui se sont impliquées avec détermination dans les luttes en faveur de l’égalité et de la liberté dans le contexte du système esclavagiste.


L’histoire a malheureusement retenu peu de noms de femmes parmi ceux qui se sont illustrés dans ces luttes. On se souvient toutefois de Solitude et de quelques autres, telles que Sanite Belair et Marie-Jeanne Lamartinière à Saint-Domingue (Haïti actuel), et Marthe-Rose dite Toto en Guadeloupe.

L’ouvrage d’Auguste Lacour

Le seul ouvrage ancien faisant référence à la Mulâtresse Solitude est intitulé Histoire de la Guadeloupe, d’Auguste Lacour (1805-1869). Ce texte est basé sur des recherches dans les archives administratives, sur des chroniques de l’époque et sur les récits de témoins de l’insurrection de 1802 contre le rétablissement de l’esclavage.

Lacour nous apprend peu de chose sur la Mulâtresse Solitude. Il affirme notamment qu’elle fut condamnée à mort et suppliciée le lendemain de son accouchement.

« Etre supplicié » signifie recevoir un supplice qui peut aller du fouet au carcan et jusqu'à la mort.

Extrait de la page 311 : « Arrêtée enfin au milieu d’une bande d’insurgés, elle fut condamnée à mort ; mais on dut surseoir à l’exécution de la sentence. Elle fut suppliciée le 29 novembre après sa délivrance. »

Le roman d’André Schwarz-Bart

En 1972, l’écrivain français André Schwarz-Bart publie un roman inspiré du contexte historique de l’époque et du peu que l’on sait du personnage.

Le roman narre le destin de Bayangumay, jeune Africaine entêtée et souriante, jusqu'à ce qu'elle soit capturée et déportée en Guadeloupe. Elle donne naissance à une Mulâtresse, Rosalie, après un viol dans le bateau qui l'emmenait aux Antilles. Le récit suit ensuite le parcours de Solitude (nouveau nom de Rosalie) jusqu’à son exécution, le lendemain de son accouchement.



La Mulâtresse Solitude.
Ouvrage d’André Schwarz-Bart, Le Seuil, 1972.

L’histoire décrite dans le roman de Schwarz-Bart a connu un certain succès mais ne correspond pas à la réalité historique.

Figure historique des événements de mai 1802

Depuis 1999, suite au 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage (1848), l’histoire de Joseph Ignace, de Louis Delgrès, de la Mulâtresse Solitude et de leurs compagnons de lutte (Palerme, Massoteau, Codou, Jacquet, etc.), est mieux reconnue et transmise aux jeunes générations.

En 1999, une statue de la Mulâtresse Solitude a été inaugurée par la commune des Abymes en Guadeloupe.



En 2007, la ville de Bagneux, en région parisienne, a édifié un autre monument en sa mémoire et en « hommage et reconnaissance aux victimes et aux résistants de la traite négrière et de l’esclavage ».

Une histoire qui reste à écrire : quelques hypothèses

D'après le roman d'André Schwarz-Bart intitulé La Mulâtresse Solitude (Le Seuil, 1972), Solitude aurait été pendue. Aucune source historique ne le confirme. Le terme « supplicié » ne signifie pas forcément la peine de mort.

Il était fréquent de voir des peines de mort commuées en d’autres peines telles que des travaux forcés. Il faut par ailleurs signaler la présence d'une femme nommée Solitude dans un registre des nouveaux libres de 1860 en Guadeloupe ; il s'agirait d'une femme âgée de 80 ans à laquelle est donné le nom patronymique de « Toto ». Une conjonction de faits pourrait indiquer que cette Solitude soit la mulâtresse de 1802 car l’âge correspond et le patronyme attribué est troublant ; il évoque une autre figure féminine de 1802. En effet, Toto est aussi le surnom de Marthe Rose dite Toto, la compagne de Delgrès. On pourrait même supposer que Marthe Rose dite Toto serait la sœur de Solitude.



Extrait des Registres des nouveaux libres et d'individualité. Capture d’écran du site Internet www.anchoukaj.org