Sojourner Truth

Sojourner Truth (c.1797-1883) était une militante, une oratrice et une pédagogue de premier plan dans la lutte des Afro-Américains pour l’abolition de l’esclavage et pour les droits civiques. D’un non-sectarisme résolu, elle établit un lien entre les questions des droits des femmes, de l’abolition de l’esclavage et de la liberté religieuse.

Dossier Pédagogique

La Guerre de Sécession et au-delà

Les femmes afro-Américaines pendant la Guerre de Sécession

Si les historiens ont pu reconstituer bon nombre des expériences et des luttes menées par les hommes afro-américains au sein de l’armée de l’Union, la contribution essentielle de milliers de femmes afro-américaines à cette guerre est bien moins connue.

  • Sojourner Truth faisait partie des nombreuses femmes qui ont fourni de la nourriture et des vêtements à l’armée de l’Union et collecté des fonds importants par le biais d’associations d’aide.
  • Ces femmes ont par ailleurs assuré des services indispensables en tant qu’infirmières, blanchisseuses et cuisinières.
  • Elles ont également effectué des missions de renseignement militaire, notamment d’éclairage et d’espionnage. Certaines se seraient même déguisées en hommes pour combattre sur le champ de bataille, les femmes n’étant pas autorisées à s’engager en tant que soldats dans les forces armées de l’Union comme dans celles de la Confédération.

Soldat de l’Union africain-américain, au campement de Benton Barracks dans le Missouri. Photographie d’Enoch Long, 1863-1865.

La ségrégation raciale et la question de la propriété foncière

La fin de la Guerre de Sécession a marqué la fin de l’esclavage légal, avec l’adoption du 13e amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique, et l’émergence de nouveaux défis.

Le militantisme de Sojourner Truth après la guerre annonce, en effet, les luttes ultérieures des Afro-Américains pour leurs droits civiques. Ainsi, en 1866, elle remporte un procès contre une société ferroviaire de Washington qui pratiquait la ségrégation illégale dans le tramway, combat qui lui valut une blessure grave à l’épaule. Elle pensait que la ségrégation raciale allait créer une société à deux vitesses et ferait des Afro-Américains des citoyens de seconde zone, contraints de vivre « séparés et inégaux ». La lutte contre les lois de ségrégation raciale devait durer encore cent ans. Par ailleurs, Sojourner Truth a coopéré avec le nouveau Bureau des affranchis pour prêter assistance et réconfort aux milliers de réfugiés afro-américains, principalement du Sud, que la guerre avait appauvris et privés d’emploi. Usant de sa réputation, elle a tenté d’obtenir des emplois pour des Afro-Américains, en particulier des femmes, partout où c’était possible. Pendant les années 1870, en dépit d’une santé fragile, elle a adressé plusieurs requêtes au gouvernement fédéral pour que des terres publiques soient octroyées à des Afro-Américains dans l’Ouest du pays, affirmant que l’accession à la propriété foncière favoriserait l’indépendance et le progrès social.

Typical Washington, D.C. streetcar, around 1880. The Historical Society of Washington, D.C.

Le droit de vote

A la fin des années 1860, des suffragettes blanches et influentes telles qu’Elizabeth Cady Stanton et Susan B. Anthony ont milité pour que le droit de vote soit accordé aux femmes (blanches), aux dépens des hommes afro-américains, au motif que les esclaves affranchis représentaient un danger pour la société. Cette revendication a provoqué un schisme au sein du mouvement en faveur des droits des femmes. Opposée au sectarisme, Sojourner Truth a soutenu le droit de vote des hommes afro-américains sans jamais négliger la lutte pour le suffrage universel. Lors des élections présidentielles de 1872, elle tente elle-même de voter, sans succès, brandissant le 15e amendement (1870), selon lequel « le droit de vote des citoyens des Etats-Unis ne sera ni refusé ni limité par les Etats-Unis ou par un Etat quelconque pour des raisons liées à la race, à la couleur de peau ou à une condition antérieure de servitude ».

Elizabeth Cady Stanton (assise) et Susan B. Anthony (debout) vers 1900.

Communication : « Vendre l’image pour soutenir les idées »

Sojourner Truth was extraordinary among nineteenth-century American women in successfully marketing her image and voice, thereby magnifying her already unique achievements. She earned money through sales of successive editions of her Narrative and, from the 1860s on, sales of her photograph portraits (cartes de visite and larger cabinet cards), which she astutely had copyrighted in her name. Her fame – she met two presidents, and was given a standing ovation by Congress – was remarkable in her being a former slave, a woman, and non-literate, in an age of racism, gender-prejudice and print capitalism.

Carte de visite de Sojourner Truth, dans les années 1860. Madelinetosh, 2007.