Le saviez-vous ? Madagascar sur les Routes maritimes de la Soie

©Adrien Tantin

Du IXème au XIIème siècle de notre ère, les marchands de la péninsule arabique et du plateau iranien ont commencé à se lancer dans un vaste commerce avec la côte est-africaine, notamment entre 1200 et 1500. Au cours de cette période, des navires ont traversé l'océan Indien, la mer Rouge et le golfe Persique transportant des marchandises importées et exportées sur les Routes maritimes de la Soie entre les Indes orientales, la Chine, le sous-continent indien, le plateau iranien et l'Afrique de l'Est. Les matériaux exportés d'Afrique de l'Est comprenaient de l'or, des outils en fer, de l'ivoire, des carapaces de tortue et des cornes de rhinocéros. Ces marchandises parcouraient de vastes distances allant de la péninsule arabique, au sous-continent indien et à la Chine, tandis que le coton et les perles de verre importés du sous-continent indien, la soie et la porcelaine de Chine et la poterie de la péninsule arabique entraient en Afrique. Cette activité marchande a conduit à la création d'un certain nombre de villes sur la côte est-africaine dans ce qui est aujourd'hui la Somalie, le Kenya, la Tanzanie et le Mozambique, reliant même l'océan Indien à l'île de Madagascar. Ce commerce a facilité un grand brassage de cultures dont les résultats restent évidents aujourd'hui, notamment dans la culture swahili, mais aussi dans de nombreuses autres cultures du littoral est-africain.

Madagascar est une île de l'océan Indien à environ 250 miles au large de la côte sud-est de l'Afrique. Madagascar a probablement été habitée pour la première fois il y a environ 2 500 ans lorsque des populations sont arrivées d'Indonésie via la côte est-africaine. Tout au long de son histoire, l'île a connu des vagues d'immigration en provenance d'Afrique, de la péninsule arabique, du plateau iranien et, bien plus tard, d'Europe, du sous-continent indien et de Chine. Faisant partie du réseau maritime de l'océan Indien, Madagascar a été un point de rencontre pour de nombreuses interactions sociales et économiques entre l'Afrique et les régions englobées par l'océan Indien. Ses ressources naturelles et son emplacement sur ce commerce transocéanique, ainsi que sur les routes commerciales côtières de l’Afrique de l’Est, en ont fait un carrefour pour de nombreuses cultures différentes.

Les premières références littéraires à Madagascar datent du VIIème siècle de notre ère lorsque l'île a été découverte par des commerçants de la péninsule arabique, ces premières histoires de l'île ont été écrites dans la langue locale, le malgache, en utilisant l'écriture arabe. Des colonies arabes ont été établies au nord-ouest et au sud-est de l'île, dont certaines ruines restantes datent du IXème siècle. Une fois ces colonies arrivées sur l'île, Madagascar est devenu un important centre commercial transocéanique reliant les ports de l'océan Indien aux postes d'échanges établis le long de la côte nord-ouest au Xème siècle, avec l'introduction de l'islam et de l'écriture arabe qui ont été utilisés pour transcrire la langue malgache sous une forme d'écriture connue sous le nom de so-rabe, l'astronomie arabe et de nombreux autres éléments culturels tels que les noms des saisons, des mois et des jours ont également été introduits. Aujourd'hui, les ruines des fortifications construites par les commerçants arabes au IXème siècle rappellent le rôle historique important de Madagascar en tant que destination pour les marchands et les commerçants le long des Routes maritimes de la Soie.

La poterie et la porcelaine découvertes sur les sites archéologiques de l'île révèlent des contacts potentiels entre la Chine et Madagascar établis dès le Xème siècle. Les marchandises de la Chine telles que la porcelaine et la poterie ont été transportées vers la péninsule arabique, puis vers l'Afrique de l'Est. Ces résultats indiqueraient des contacts via le commerce des Routes de la Soie entre Madagascar et la Chine, contacts qui seraient antérieurs au voyage de l'explorateur Zheng He vers la côte africaine au XVème siècle. Ultérieurement vers 1500, des marchands européens sont arrivés à Madagascar attirés par le coton de haute qualité, les palmiers en raphia et les textiles de soie produits localement par des artisans qualifiés. Au début du XVIème siècle, des récits de navigateurs portugais rapportaient l'existence d'un certain nombre de villes côtières de Madagascar qui présentaient des similitudes architecturales avec Kilwa Kisiwani, le célèbre port maritime de ce qui est aujourd'hui la Tanzanie, visité par le grand érudit et voyageur des Routes de la Soie, Ibn Battuta en 1330. Ces villes de Madagascar résultaient du réseau commercial arabe à travers l'océan Indien occidental, l'une des plus grandes ville était Vohemar, une colonie commerciale fondée au XIIIème siècle dans le nord-est de l'île qui, en plus d'être un centre du commerce des Routes maritimes de la Soie, abritait ses propres traditions artistiques et artisanales mêlant des influences arabes, africaines et asiatiques. 

Au début du Moyen Âge, les Routes maritimes de la Soie se sont considérablement développées grâce aux progrès techniques de la navigation, de l'astronomie et de la construction navale, qui se sont combinés pour rendre les voyages en mer de plus en plus pratiques pour l'activité mercantile. Ainsi, des villes animées côtières reliées via l'océan Indien se sont développées autour des ports fréquemment visités le long de ces routes, en Afrique de l'Est, elles comprenaient Zanzibar, Kilwa Kisiwani, ainsi que des sites de la Somalie, du Kenya et du Mozambique modernes, et dans l'océan Indien, l'île de Madagascar. Ces villes devinrent à leur tour de riches centres d'échange de marchandises, d'idées, de langues et de croyances, avec de grands marchés, des populations de commerçants et marins en constante évolution, reflétant ainsi les nombreux échanges des Routes maritimes de la Soie. 

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